Les Bouddha de Bamiyân

         En venant en Afghanistan, nous souhaitions voir les fameux bouddha de Bamiiyân… De tels vestiges sont exceptionnels et voir des traces de l’art des premiers siècles du bouddhisme était très excitant !

        A 230 km au nord-ouest de Kaboul un superbe parcours car, comme toujours dans ce magnifique pays, rien que la route vaut le déplacement ! Des paysages de hautes montagnes escarpées, le col Shibar vers 3000 m ; c’était en fin de journée et je n’ai jamais vu ailleurs une telle lumière : du bleu turquoise à un vert d’eau qui se noyaient dans l’ocre des montagnes… Ces images sublimes ne se décrivent pas et, chose curieuse, nous n’avons pas fait de photos, ni à l’aller ni au retour, dans ce col. Il semble que, quand on est trop pris par la beauté, les réflexes-photos sont endormis….

       Les deux grandes statues sont impressionnantes, même quand on est prévenus qu’elles mesurent 54 et 35 m de hauteur. On les voit de loin et quand on est aux pieds, on est comme écrasé bien qu’émerveillé. Elles sont taillées dans la roche et les anciens décors de stuc ont disparu depuis longtemps. De nombreuses niches sont également creusées dans la falaise. Entre les pieds des statues, des salles arrondies où l’on aperçoit des traces de fresques. Malheureusement, on a dû y faire du feu car elles sont noircies… De chaque côté de chaque statue, des trous de bas en haut. Nous constaterons en montant les escaliers qui amènent jusque sur les têtes que ce sont des ouvertures qui éclairent la monté des escaliers. De là-haut la vue est extraordinaire !

       C’était très émouvant de penser aux moines qui ont taillé la roche, qui ont médité ici il y a de nombreux siècles.
      C’est très émouvant de penser aussi que même les « hordes » de Gengis Khan au XIIIe siècle n’ont pas détruit ce que quelques fous, au XXe siècle, ont fait sauter en quelques coups de dynamite (en se plaignant que ça a été un long travail -1 mois) ! Ils ont fait plus de dégâts que ceux qu’on appelait des barbares. Les visages avaient déjà été détruits au XVI siècle par le Mogol Aurangzeb. Les civilisations n’évoluent pas forcément dans le bon sens, vers l’humanité ! Comment ne pas parler ici du sentiment d’horreur puis de tristesse à l’annonce de ces destructions ! Et quel sentiment étrange de voir les photos de ces cavités quasiment vides, des tas de gravas devant elles ! Je ne sais pas si même avec les moyens actuels on pourra reconstituer un jour ce qui a été ignoblement détruit. Que penser de personnes qui nient leur histoire ? Comment peut-on avoir un avenir si l’on n’a pas de passé ? Enfin, rien ne dure et l’obscurantisme semble faire partie de notre évolution… donc, restons optimistes ! Tous mes vœux vont vers les Afghans.
          Mais cette reconstruction des statues ne semble pas encore à l'ordre du jour. En revanche, la recherche du 3ième bouddha (dont parlait dans ses récits un moine-pèlerin chinois au VIIième siècle) intéresse les chercheurs. Il s'agit d'un Bouddha couché.

Bien sûr, le site de l’UNESCO avant et après la catastrophe…
http://whc.unesco.org/fr/list/208/

“vie, mort et survie des Bouddha de Bamyân” le titre est significatif, article très intéressant :
http://journals.openedition.org/lha/200#tocto1n1

Visite virtuelle de ce qui reste après la destruction : https://cuicui.be/fr/afghanistan-bamiyan-valley/


Les peintures à l'huile des Bouddha de Bamyân

        Je ne lis pas les journaux quotidiens ; heureusement pour moi, mon mari le fait parfois. Ce matin il m'annonce que le Dauphiné Libéré a publié un article sur les bouddhas de Bamiyan : les fresques sont en fait des peintures à l'huile...

(photo du Dauphiné Libéré)
(photo du Dauphiné Libéré)

        Surprise, je lis l'article : des chercheurs japonais, américains et européens travaillant au maintien de ce qu'il reste des bouddhas (après la destruction due aux talibans) ont découvert des fresques particulièrement bien conservées, aux couleurs encore vives. Après l'étude de prélèvements analysés par l'E. S. R. F. de Grenoble, en utilisant la technique du synchrotron, il a été constaté que plusieurs de ces échantillons contiennent des traces d'huile...
      L'étonnement fut grand bien sûr car jusqu'à présent les historiens d'art faisaient remonter l'utilisation de la peinture à l'huile au XVe siècle (par les frères Van Eyck).
         Toujours est-il que la découverte est intéressante. Peut-être plus de fresques que celles qui ont déjà été vues dans une douzaine de grottes sont ornées de telles peintures.
           Un merci soit donné à Yoko Tamiguchi (chercheur japonais) et Martine Cotte (chercheur au CNRS et à l'ESRF qui ont conjointement travaillé à ces recherches.


Band-e-Amir

        Les lacs de Band-e-Amir sont une merveille naturelle au cœur de l’Afghanistan. Des lacs retenus par des sortes de barrages calcaires formés au fil des millénaires..
        Depuis Bamiyân, environ 90 km d’une piste très belle dans un paysage grandiose et dépouillé. Ici aussi, à chaque arrêt mais après quelques instants (pas d’indiscrétion ni d’intrusion), des enfants, des hommes, comme sortis de nulle part, viennent nous voir. A cause de la barrière de la langue on ne peut guère aller au-delà d’échanges de sourires, de bonbons pour les enfants, de stylos, de fruits, (selon ce dont nous disposions à ce moment-là) Des échanges toujours discrets et aimables. Je crois que je me répète mais c’est un aspect tellement marquant de ce voyage !
        C’est à Band-e-Amir que nous avions eu un problème de négatif qui a pris la lumière… aussi presque pas de photos… On ne se rend pas compte dans ces moments-là qu’on vivait un moment unique et qu’on ne retournerait pas de si tôt en Afghanistan ou peut-être jamais… et je regrette de ne pas avoir de photos de ces lacs au bleu de Delphe contrastant avec le blanc qui les entoure souvent (des traces de sel) mais on peut voir ici de telles images (comme dans mon souvenir !)

Wikipédia : géographie, légende :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Band-e_Amir

I-VOYAGES : Bamyan et Band e Amir :
https://www.i-voyages.net/bami-yan-lacs-band-e-amir/