Sur la route d'Hérat

        La frontière passée , c’est la route. Elle était goudronnée et 2 véhicules s’y croisaient aisément. Il y avait d’ailleurs très très peu de circulation ! Quelques camions, les si beaux camions afghans, tout peints, tout décorés, les Toyota servant de transport de marchandises ou de personnes (mais elles n’étaient pas décorées). Quelques dromadaires et leur chamelier, quelques ânes et leur ânier… dans un paysage somptueux ! Je crois que l’Afghanistan reste pour moi le plus beau pays que j’aie vu ! Pour ses paysages et pour ses habitants. Même si les femmes étaient très effacées, on pouvait voir leur beauté sous leur voile qui ne cachait pas le visage ni tout le vêtement (sauf sous cet immense et terrible voile qui les couvrait de la tête aux pieds, d’une seule pièce, avec une sorte de grillage au niveau des yeux ! mais on en a peu croisé) et les hommes avaient beaucoup de prestance avec leur gilet, leur turban et leurs pantalons larges (du genre sarouel). Des peuples de montagne.

      Les routes afghanes avaient une petite particularité : régulièrement, il y avait des barrages-péages : 30 à 50 afghanis (moins d’1 centime d’euro) ; étonnant mais on s’y fait…
         Ici aussi, cette chose particulière : des gens qui surgissent de nulle part à chaque arrêt dans la campagne. Ici aussi la même discrétion, ils n’arrivaient qu’un peu après l’arrêt. C’était étonnant de voir des hommes à l’air si rude qui demandaient qu’on leur désinfectât un petit bobo à la main avec un peu d’eau de Cologne (nous les avons soupçonnés d’avoir plutôt envie d’être parfumés…).
        C’est sur la route entre la frontière d’Iran et Herat, que nous avons vécu un moment simple et magique. C’était en fin d’après-midi, le soleil commençait de baisser et d’avoir une lumière dorée. Nous nous étions arrêtés pour admirer le paysage. Quelques dromadaires un peu plus loin. Et puis le chant. Un chant que je ne saurais décrire, simple, harmonieux, mélodieux, comme insistant. Un homme est apparu. C’était le berger des dromadaires. Il les rassemblait. Nous nous sommes souris et nous avons regardé les dromadaires avec lui. Puis il a pris un petit tapis qu’il a soigneusement posé par terre et a commencé sa prière. Nous l’avons laissé. De tels instants sont des instants bénis !
         Sur cette route vers Hérat également nous avions eu, sur la route du retour du second voyage, une panne de voiture (je ne sais plus quoi). Et là aussi, des mécaniciens peu équipés mais ingénieux qui savaient toujours se dépatouiller et réparer très bien.

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Hérat

"Ce monde est comme la mer,
le Khorassan comme l’huître,
Hérat comme la perle au milieu de cette huître”
Mostawfi Qazwini (poète du Xe siècle)

         Hérat est une belle ville ancienne, qui s’étend sur une grande plaine avec ses minarets (qui furent bleus) et des maisons dont les toits sont en dôme, ocres, comme sorties de la terre qui les entoure dans la campagne environnante ; une belle oasis sur la route de la soie.
        Elle a connu de nombreuses guerres et envahisseurs (Cyriius, Darius, Alexandre, Gengis Khan, Tamerlan) du fait de son importance commerciale et de sa situation politique (capitale d’état). Tantôt perse, tantôt afghane…
         Sa citadelle (Bala Hissar) datant d’Alexandre a été refaite à plusieurs reprises.
        Nous avons peu séjourné à Hérat lors de notre premier passage mais au second voyage nous y sommes restés quelques jours car… nous ramenions une caille en cage. Et oui ! Et nous avions besoin d’un certificat sanitaire pour être sûrs de ne pas avoir de problèmes aux passages des multiples frontières.
        On pouvait y voir (et pour nous c’était au premier voyage), une découverte) des « taxis » de toutes sortes : charrettes, scooters, voitures. Les chevaux étaient parés de pompons rouges et divers petits décors.
        Mais une chose vue dans la rue m'avait choquée, enfin, laissée dubitative : un groupe d'enfants, garçons et filles, qui fumaient des cigarettes ; mais ce qui était frappant n'était pas qu'ils fumaient, c'était leur teint blafard, grisâtre. C'est vrai, j'ai toujours une photo d'eux même si je ne l'avais pas, je m'en souviendrais encore. Ils riaient mais leurs rires n'exprimaient pas la joie...
        C’était à Hérat également et dans ses environs qu’en 1976, nous avons été étonnés de voir de très nombreux petits étals offrant des cœurs de salades… vert pâle, toujours renversés ; accompagnés de bouteilles de sauce rouge. Il y en avait dans la ville mais aussi au bord des rivières, les hommes s’en régalaient et dormaient à même le sol avec ou sans tapis. Tous semblaient apprécier beaucoup ces moments de détente.
        Entre Hérat et Kaboul, nous n’avions pas suivi la route du centre car notre voiture ne nous le permettait pas ; mais celle du sud par Kandahar et Ghazni. (toujours des routes à péages mais goudronnées même si parfois elles pouvaient être traversées par de petits torrents si l’on passait pendant ou après la pluie). Beaucoup plus de kilomètres aussi mais dans un tel paysage, on peut en faire...

Histoire d’Hérat
http://archive.is/Zbbrl


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Kandahar

         Kandahar, ville au sud de l'Afghanistan. Elle se trouvait sur le parcours "obligé" entre Hérat et Kaboul par la route carrossable du sud.
         Sur cette photo, une femme a soulevé son voile et porte du pain sur une assiette, le merveilleux pain afghan ! Un pain si léger, si doux et parfumé ! En forme de calisson. (on le trouvait déjà en Iran).
          Il m'est assez difficile d'écrire des articles sur des lieux où j'étais il y a... 30 ans. Ce ne sont donc pas des récits de voyages mais des souvenirs, des images, parfois des bribes.
         Je ne sais si j'aurai l’occasion d'y retourner.
         Egalement deux séjours à Kandahar.
       Je me souviens surtout d?un hôtel qui avait comme animal de garde un... pélican. Ceci n'était pas rare en Afghanistan. J'en étais très contente car ça me ramenait en mémoire des souvenirs de mes premières bandes dessinées d'enfant : Sylvain et Sylvette. (et oui, Cuvelier a été un précurseur en BD même si ses histoires étaient destinées aux petits enfants ; il y avait également Perlin et Pinpin, deux nains, un savant, parfois des personnages tels que Polichinelle et leurs aventures). Voilà donc, pour moi, les pélicans ont beaucoup de charme ! Les petits hôtels de Kandahar (et dans tout le pays en général) étaient très agréables avec leurs animaux, leur jardin, leurs chambres sommaires... Lors de notre passage en 1976, c'était le printemps, il y avait de nombreuses cages avec des cailles, des grives et autres oiseaux plus ou moins gros ou petits. Qu'on allait faire combattre...
        C'est à Kandahar aussi que nous avons pu voir la construction d'une maison avec ses étais de bois... sa cage d"oiseau suspendue à une poutre.
        Mais Kandahar est une assez grande ville (plus de 200 000 habitants actuellement) avec de larges rues, des arbres, des jardins, des monuments.

        Kandahar est une ville de commerce et marchés agricoles importante, bien située sur divers itinéraires. Son histoire est ancienne et ses origines indéfinies. Son nom viendrait de l'hindi ou peut-être de celui de son fondateur : Alexandre le Grand...Sa situation stratégique lui a valu d'être convoitée et donc conquise à maintes reprises par des envahisseurs venus des pays voisins (Perse, Inde, Turquie, Asie Centrale...) Elle est Afghane depuis 1748 quand l'état d'Afghanistan a été créé. Elle en fut même un temps la capitale. Mais elle a, temporairement, été occupée au XIX siècle par les Anglais et au XX par les Soviétiques.
         Une belle ville mais une ville bien tourmentée !
         Et ce n'est pas fini...

ACADEMIC, Histoire de Kandahar :
http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/906226


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