Impressions...

            Le site d’Angkor est à environ 6 kilomètres de Siem Reap et il est peu probable d’y faire tout une visite à pieds… en effet, l’ensemble des temples et vestiges couvrent plusieurs hectares ; il faut donc y aller à vélo, moto, tuk tuk, taxi, autobus (on y a vu aussi de gros 4x4) non seulement pour le parcours Siem Reap-Angkor mais aussi (et surtout) pour aller d’un ensemble à un autre. Pour nous, ça a été le tuk tuk. C’est sûrement le moyen de transport le plus agréable car il permet de voir tout le paysage, nous expose au moindre souffle d’air en nous rafraîchissant agréablement, protège du soleil et s’il le faut de la pluie en abaissant des bâches à fenêtres sur tous les côtés. Pour lui donner un inconvénient, il vaut mieux porter des lunettes car, avec la brise, suivent les poussières.

            Je croyais que le site d’Angkor était un peu comme celui de Bubaneswar en Inde également composé de nombreux temples. Mais Angkor est bien autre chose. Il ne s’agit pas que d’un bon nombre d’anciens temples et palais, il s’agit d’une multitude de temples, imbriqués les uns dans les autres, de lieux de cultes, d’habitations pour les moines et autres habitants, de palais, de douves. Entre divers sites, on peut voir des espaces cultivés, des villages habités. On peut croiser des chiens, des poules, des singes, des bœufs. Angkor était une cité qui fut capitale, empire Khmer. Elle est la mémoire du Cambodge

            La beauté est toujours là, épargnée par l’érosion et la dégradation des siècles pour certaines parties, endommagée par les humains et par la nature pour d’autres mais aussi étrangement sublimée par une végétation outrepassant ses droits, restaurée par d’autres humains, fusillée par d’autres encore (là aussi on nous a parlé des Khmers rouges)… Tout est ici : splendeur et décrépitude, richesse et abandon, art et cruauté, mysticisme et barbarie… Marcher en ces lieux n’est pas anodin, contrairement à ce qui peut paraître de prime abord. On s’amuse de se retrouver ainsi hors du temps, entre deux murailles millénaires, enjambant des blocs de granit aux mille fleurs ciselées comme juste écloses ou d’autres tout usés ; ils semblent être en vrac mais attendent d’être remis à leur place, en magnifiques portiques et linteaux, sur des frontons, des colonnes, des escaliers, en murs majestueux. On se prend à rêver, à ressentir des réminiscences d’un passé qu'on croit révolu, quasiment inconnu pour nous. Il y a ici quelque chose d'universel, perceptible par tous, quelle que soit notre origine. En suivant des galeries, on peut découvrir la vie du passé largement représentée sur les nombreux bas-reliefs recouvrant des murs entiers, Sur des piliers, des danseuses, les apsaras, coiffées de diadèmes richement ouvragés, vêtues de tissus aux drapés variant selon les époques, parées de bijoux, si finement sculptées qu’on les croirait prêtes à danser ! A l’intersection des galeries (se croisant toujours au centre du temple) ou dans certains passages, il n’est pas rare de voir des statues de Bouddha ou de dieux hindous partiellement couvertes de tissus safran, des offrandes de fleurs et d’encens à leurs pieds. A Angkor, on peut se croire hors du temps mais en fait on est plutôt dans l’intemporel.

            Pendant nos quelques jours de promenade ici, nous avons vu tous les temps ! du soleil resplendissant aux grosses averses de pluie tiède en passant par les ciels blancs et plats.. Il est toujours étonnant de constater à quel point l’aspect des lieux et objets change selon la lumière, selon qu’ils sont brillants de pluie ou poussiéreux de soleil.
            Des grands temples sombres presque gris au petit temple rose sur sa terre ocre, on passe par toutes les nuances de bruns, beiges et gris. Le vert de la végétation est multiple tant il y a de variétés d’arbres et plantes, mousses et lichens, le vert aussi des liserons, des lentilles d’eau, des douves… les bleus changeants des divers bassins, l’orange vif des robes des moines, des tissus posés sur les épaules des divinités, jaunes, verts ou orangés, les ors des décors religieux. Angkor est tout à la fois austère et multicolore… Extravagante.

            Depuis que nous sommes revenus du Cambodge, je peux dire que j’ai refait maintes fois ces parcours au milieu des temples et des allées, parmi les blocs éboulés, sur les pavés irréguliers, en grimpant des escaliers improbables, étonnée encore par les statues de dieux-singes toutes roses (non, pas des éléphants roses !!!) comme toutes neuves, immobile à attendre que la vue soit dégagée des visiteurs ou que le soleil tourne un peu pour une autre lumière. Cette visite imprègne pour longtemps. Enchante.


 

 

              Oh, un petit détail pratique : pour les billets d’entrée sur le site, on vous demande une photo ; généralement on lit dans les guides d’en amener une de chez soi car ici elle coûtera 1 dollar. Surtout, venez sans photo, faites-la faire sur place, ça vaut la peine Personnellement, je ne m’y reconnais pas ! Une photo comme ça, ça vaut bien un dollar !!!


Tout d'abord, la campagne

       Quand on pense “Angkor”, on pense temples, palais, esplanades et tours, bassins, vestiges anciens. Tout cela est bien présent mais pas que...
         En effet, Angkor est certes un très vaste site archéologique mais la campagne est là également, active et bien vivante ! On peut voir de petits villages, des fermes, des bœufs, des champs… La production principale est le riz mais également le maraichage.

        Cela nous surprend mais à l’époque où elle était capitale Khmer, Angkor était composée de monuments et habitations, bassins et canaux mais aussi de villages, de fermes. L’agriculture était indispensable à une si nombreuse population !

 

Lire extrait de "jardins et rizières du Cambodge" de Didier PILLOT : google books

ainsi qu'un texte de Jérôme ROUER sur : vorasith online

Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos


Angkor Vat

            C’est par là que la visite a commencé…
            Le cœur bat un peu plus fort.

            Le guide parle des douves, de la latérite, des rois, des dieux et nous regardons les douves, les roches et les lions de pierre sans queue parce qu’elles étaient en métal et qu’on les a volées pour les fondre et en tirer des objets bien prosaïques… Où sont les dieux ?


            Quand est-ce qu’on entre dans le temple ?
            Il y a aussi les arbres particuliers : bois de fer, résine,
            On n’entrera pas par la grande porte, par l’allée qu’on imagine menant à un lac aux nénuphars dans lequel se reflète le temple aux cinq tours…  On ira après.
            J’étais un peu décontenancée. Ce n’était pas ce que j’avais imaginé. C’était tellement plus vaste ! Et quelle profusion ! Des tours bombées, sculptées, en travaux, en ruine, sur des monticules, avec grands escaliers ou juste quelques marches ; tant de bas reliefs ! des murs entiers, la vie des dieux et des hommes ; la végétation qui semble vouloir toujours reconquérir la pierre ; l’eau : douves, mares, petits lacs et un peu de pluie…  et les danseuses célestes, apsaras si belles !

            Nous suivons le guide dont les propos sont très intéressants (mais que j’ai largement oubliés ! quel dommage !heureusement qu’il y a les photos et les livres !). Il nous raconte l’histoire des temples et autres bâtisses, les mythes et scènes de la vie quotidienne représentés sur les bas-reliefs ; il parle souvent avec une pointe d’humour ou d’espièglerie. Savez-vous qu’il faut regarder le ventre des apsaras ? Certaines l’ont bien lisse, d’autres portent un ou plusieurs petits traits vers le nombril : ce sont des vergetures dues aux accouchements…. Pourquoi pas…
            L’hindouisme et le bouddhisme se côtoient fréquemment ici, tantôt l’un victorieux de l’autre, tantôt unis (selon les rois du moment). Il n’est pas rare, au croisement de certaines galeries, de trouver des lingas et des bouddhas au croisement d’autres. Bon nombre de ces représentations reçoivent des offrandes, sont couvertes de tissus chatoyants. Les dieux sont omniprésents, comme vivants.
            Si Angkor Vat nous paraît si beau, il ne serait rien à côté de ce que sont les demeures des dieux. Une légende raconte :
“Indra aurait invité Preah Ket Melea, un humain, et lui aurait alors offert ce qui allait devenir le Cambodge. De retour sur terre, impressionné par la merveilleuse beauté de ce qu’il avait vu des palais célestes, Preah Ket Melea n’a pu que tenter de s’inspirer des étables… pour faire bâtir Ankgor Vat… Il fut aidé dans ce travail par l’architecte des dieux Preah Pisnukar qui modela l’ensemble en terre puis usa de magie pour le transformer en bâtisses de pierres sculptées et colorées.”

Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos


Angkor Thom

                 AngKor Thom (Maha Nokor : "la Grande Cité" est un ensemble de monuments superbes dont le Baoyon est le centre. C'était une ville royale entourée de hauts murs et de douves, édifiée sur une surface carrée de 3 km de côté. Les murailles sont percées de quatre portes (une à chaque point cardinal) ornées de visages de bouddha d'où partent des chaussées pavées bordées de déités bonnes et mauvaises portant un grand serpent ; elles sont sur des digues longues d'une centaine de mètres et larges d'environ 16.. Une cinquième porte conduit vers la Terrasse des Eléphants, c'est la porte de la Victoire.


Angkor Thom comprend :


- les vestiges du Palais Royal,


- Phimeanakas,


- Terrasse des Eléphants,


- Prasat Suor Prat,


- Khleang,


- Terrasse du Roi Lépreux,


- Baphon,


- Bayon,


- Preah Palilayn,


- Preah Pithu
                   
            Si l'édification du site d'Angkor Thom a commencé au XIIe siècle, les modifications se sont étalées dans le temps. L'histoire des rois d'Angkor est longue et mouvementée ; chacun y a plus ou moins laissé son empreinte.


            A Angkor Thom existait déjà un système d'évacuation des eaux usées, des bassins d'eau douce. Ici, se mêlaient le fonctionnel et spirituel.

Parcourir les portes d'Angkor Tom : https://cuicui.be/fr/cambodia-gates-of-angkor-thom/


Phineanakas et le Palais Royal

            Phinéanakas (que l’on peut traduire par "Temple Céleste"), le temple du palais Royal d’Anglor dont il ne reste que peu d’éléments aujourd’hui, est un superbe édifice "montagne", bâtiment rose, escaliers gris et lions blancs, éléphants sombres…. sur une terre ocre au milieu d’arbres bien verts. Nous nous dirigions à pieds vers la Terrasse dus Eléphants en longeant des bassins, Sras Srei, il avait beaucoup plu en début d’après-midi et nous profitions de marcher ainsi parmi les arbres. Nous pensions revenir l’un des jours suivants à Phinéanakas… mais nous n’y sommes en fait pas retournés et je le regrette beaucoup. Encore une bonne raison de retourner au Cambodge…


        J’ai été très impressionnée par ce massif bâtiment rose sur les angles pentus duquel trônaient des lions blancs. Il est vrai qu’après Angkor Vat, le Bayon et voisins, le contraste est fort ! S’il y avait déjà des constructions pyramidales, elles étaient à base carrée ; ici, elle est rectangulaire et cela donne une impression d’énorme volume (ce n’est plus un temple montagne mais une chaîne de montagne !). Il a été bâti vers la moitié du Xe siècle sous le règne de Rājendraarman II et reconstruit 100 ans plus tard par Sūryavarman Ier. Dés sa création, les visiteurs étaient impressionnés par sa masse, sa couleur, sa beauté : un pèlerin chinois du XIIIe siècle le nommait « la Tour d’Or » (il y a sûrement eu une tour de bronze sur le sommet)

Cliquez sur l'image pour l'agrandir


La Terrasse des Eléphants

            La Terrasse des Eléphants fait face aux Prasat Sour Prat (plusieurs tours). Sa construction a été commencée au XIIe siècle par Jayavarnam VII et continuée par la suite. C’est depuis cette partie surélevée que le roi assistait à des spectacles de danse et à des parades sur la Place Royale ; la famille royale se tenait sur la partie la plus élevée, la cour et les mandarins sur la partie inférieure ainsi que le peuple. Les esplanades sont ornées de divers animaux ou personnages mythiques. Les murs de soutènement, sur plus de 300 m de longueur, sont entièrement sculptés de bas reliefs représentant pour la plupart… des éléphants dans diverses circonstances (telle la chasse) mais aussi des scènes de la vie quotidienne avec des personnages humains ou des représentations divines.

            Le lieu est impressionnant car on peut bien imaginer toute cette population, royale et populaire, sur les terrasses, parée de riches atours ou juste couverte de quelque tissus… regardant les danseuses ou les parades devant les khleang.
            Mais pour moi c’est l’endroit où je me suis fait attaquer par des fourmis rouges ! Bon, je les avais embêtées en posant malencontreusement un pied sur leur passage et le combat fut violant ! Il y eut des mortes... Seule ressource pour moi : les noyer scélératement dans une belle flaque d’eau boueuse (merci la pluie).
            Aux abords de la Terrasse des Éléphants notre guide nous a fait remarquer des petites plantes sensitives ainsi que des trèfles à quatre feuille ; pas la peine d’en prendre un comme porte-bonheur, ils sont touts à quatre feuilles (peut-être qu’un à trois feuilles…)

Cliquez sur l'image pour l'agrandir


Prasat Suor Prat

            Je n’ai remarqué les « tours » que quand j’ai mis les pieds dans une grande flaque d’eau afin de me débarrasser des fourmis qui les squattaient abusivement et douloureusement…
               Leur disposition est surprenante en comparaison de ce que l’on voit dans les autres sites où la profusion est de règle ; ici, juste des tours alignées sur un large espace (cinq de chaque côté de l'allée) ; derrière elles, des arbres. Il est vrai qu’elles font face à la Terrasse des Eléphants. C'est la Place Royale.

             Elle servait sûrement de lieu de spectacles, de défilés que regardaient les rois et leur cours mais aussi les mandarins et les gens du peuple. Les tours sont construites en latérite sauf les linteaux qui sont en pierre. Ce que fut leur usage n'est pas réellement connu : pour des spectacles (leur nom actuel signifie "Tours des danseurs de corde"), pour rendre justice (deux personnes juchées à leur sommet : la première qui tombait avait tort... mais une autre version dit : les belligérants enfermés ensemble jusqu'à ce que mort s'en suive, s'il y a un survivant, il a raison...), usage religieux. Toutes ces tours ne datent pas de la même époque. Mais ces bâtisses sont appelées des "khlean" qui signifie "magasin".
..


La Terrasse du Roi Lépreux

                La Terrasse du Roi Lépreux se situe peu après la Terrasse des Eléphants, vers le nord ; on y accède par un petit chemin qui longe à un moment donné une profonde tranchée (où l’on peut aller et dont la paroi est entièrement recouverte de bas-reliefs). Sur la gauche, un léger promontoire où trône la statue d’un personnage asexué assis (comme en lotus mais une jambe repliée vers le haut – à la javanaise ai-je lu quelque part-). Les mains sont abîmées, des parties du corps également, d’où peut-être l’allusion à la lèpre ? D’aucun disent que c’est la représentation du roi Jayavarman VIII, mais la tradition tient pour mort de la lèpre le roi Jayavaman VII... La statue a été en réalité attaquée par des lichens. Pour d’autre, elle est la représentation du dieu de la mort, Yama ; la Terrasse du Roi Lépreux aurait donc été le crématorium des rois d’Angkor.
                La terrasse du Roi Lépreux date du XIIe siècle et a subi des aménagements postérieurement (la statue à laquelle le lieu doit son nom date du XIVe).

           Les bas-reliefs représentant de nombreuses divinités et personnages mythiques, souvent à l'aspect terrible, sont particulièrement intéressants.
 

              
(La statue qu'on peut voir ici est une copie de l'original visible au
 Musée National de Phnom Penh)

cliquez sur l'image pour l'agrandir


Le Bayon

            Le Bayon a été un autre enchantement complet ! Difficile à expliquer. Tous ces visages aux paupières baissées ou, au contraire, aux yeux grands ouverts ou mi clos, ces larges lèvres au sourire sérieux mais qui, sur d’autres visages, ne sourient pas… tant d’expression dans la pierre !
            Avant de venir au Cambodge, c’était le Bayon qui me faisait rêver et, en le voyant, ce ne fut pas la déception mais l’émerveillement. Oubliées les quelques photos que j’avais vues, les quelques textes que j’avais lus ! La multitude de visages, la couleur sombre des pierres, la pluie et une végétation hésitant à abandonner complètement les lieux, les chemins, passages étroits et diverses petites esplanades sont à dimensions humaines. Les bâtiments n’écrasent pas, la profusion n’étouffe pas. On est ici dans la perfection supportable par les humains (si je peux dire), contrairement à Angkor Vat surtout.
            On est au-delà de la beauté, comme si on ressentait quelque chose de la béatitude de Bouddha. (Si seulement !). Devant un tel lieu, la naissance des légendes devient évidente : un humain ayant vu les palais des dieux a voulu s’en inspirer pour construire un temple sur terre… seules les écuries étaient encore accessibles aux capacités humaines…
            Le Bayon a été construit au XIIIe siècle.

Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos

Une riche visite virtuelle du Bayon :

https://cuicui.be/fr/cambodia-angkor-bayon/


Ta Som

            C'était en fin d’après-midi, pas encore le soleil couchant. Nous avions les yeux pleins de pierres, de danseuses, de dieux, de ciselures, d'arabesques, d'escaliers ; de tant de beauté et de surprises qu'il nous semblait excessif de visiter encore un temple !


           Mais, un porche pas trop grand, de larges visages au doux sourire, une lumière légèrement rasante... m'ont fait regarder le superbe linteau et mes pieds ont suivi !
                   Heureusement que le corps commande parfois l'esprit !


            Ici, rien n'est très grand comme dans Angkor Vat. Les dimensions sont à une échelle humaine, modeste. Les bas-reliefs y sont pourtant tout aussi fins que dans les temples précédents. Il y a aussi un certain mystère ; le soleil descendant ménageait de grandes zones d'ombre, lumière bleutée parmi les blocs de roche grise et rose. Les galeries sont étroites. Les espaces herbeux entre les enceintes donnent un sentiment de protection. Quelques parties sont en cours de restauration. De très fines mousses (ou lichens ?) ont envahi quelques interstices sur les colonnes ou les murs. Certaines fenêtres à balustres sont partiellement fermées, comme par des rideaux de pierre baissés (spécificité du XIIe siècle). Je déambule, enchantée. En ce genre de lieu, les parcours sont souvent solitaires. De temps en temps, je croise Etienne et nous parcourons ensemble une galerie, une esplanade, quelques escaliers... J'ai croisé là un visiteur tout aussi enchanté qui oubliait son appareil photo autant que la personne avec qui il voyageait...


            Le Ta Som (l'Ancêtre Som) a été construit au XIIe siècle sous le règne de Jayaman VII puis agrandi au XIIIe siècle. Il n'est pas en très bon état mais il a été sommairement consolidé pour éviter qu'il ne s'effondre... La plupart des arbres envahissants et dangereux pour les monuments ont été enlevés. Son charme réside peut-être dans son ancienneté et sa fragilité, toute cette beauté taillée dans la roche ; si fragile !


            Le Ta Som est pour moi le lieu qui a le plus de charme. J'en suis repartie absolument émerveillée !

Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos


Srah Srang

            Une entrée par une esplanade pavée, un porche sculpté, une allée et un grand espace. Plus loin,  de larges escaliers aux marches basses montent vers le ciel. Ici aussi, les vendeurs de livres et cartes postales sur Angkor sont là. Toujours quelques mots en continuant notre chemin car il n’est pas possible d’acheter à tous ! Même si on comprend leur situation. Mais c'est là que j'ai acheté quelques guimbardes en bois. Très belles. (Vous pouvez les voir dans la rubrique "divers")
            Arrivés en haut des marches, nous voyons un grand bassin en contre-bas. Des lions gardent les escaliers qui y descendent.
            Ce bassin aurait été construit au Xe siècle aux abords d'un temple bouddhiste aujourd'hui disparu. Au milieu de l'eau, des vestiges de ce qui a sûrement été un pavillon. De chaque côté des escaliers, une balustrade. L'ensemble a été remanié au XIIe siècle. Le nom actuel signifie "bain royal", des inscriptions gravées au Xe siècle stipulent que "l'eau était amassée là pour le bien des créatures à l''exemption des éléphants briseurs de digues"...
            Des touristes jouent… aux cartes sur l’un des murs (pas hauts) en arrière-plan. J’ai trouvé ça incroyable ! Je ne sais pas depuis quand ils étaient là mais ils y sont bien restés encore 20 minutes. Il faut dire que les temples d’Angkor sont bien le lieu idéal pour se taper la belote, on s'y ennuie tellement !!!!
            L'endroit est dégagé et offre une très belle vue d'ensemble. On peut admirer le paysage et les sculptures protégées par les lions et les nagas…

Cliquez sur l'image pour l'agrandir


Pre Rup

            Cet après-midi-là, le soleil brillait et il n’a pas plu. Les multiples tours prennent un tout autre aspect devant le ciel bleu ; les couleurs et nuances des divers matériaux sont plus visibles que sous la pluie... les mousses et lichens également ; en suivant les couloirs, les rayons du soleil accentuent les espaces entre les différentes portes par les plafonds ou blocs manquants ; les ombres très fortes dessinent des reliefs et formes, recréant une nouvelle architecture…
            Nous avons donc visité Pré Rup par une belle journée ensoleillée. Ce bel ensemble du Xe siècle, du fait de ses matériaux (latérite et briques essentiellement) fut particulièrement difficile à dégager de la jungle. On oublie vite le travail énorme des découvreurs et si nombreux restaurateurs de ces vestiges magnifiques ! Ils venaient et viennent encore des quatre coins du monde. Maintenant plus qu’avant semble-t-il, y travaillent de nombreux Cambodgiens.

            De grands arbres aux abords de l’esplanade devant l’entrée puis les allées, couloirs, portes et porches… et, tout au bout, des escaliers. Plus j'avançais, plus je voyais de lumière, il y avait donc de l’espace avant d’arriver à ces escaliers. Et en effet, il y avait bien un grand espace !

            Gardés par des lions sculptés, des escaliers monumentaux montent en plusieurs paliers jusqu’à un temple principal et quatre secondaires. L’ensemble pyramidal est composé en trois esplanades. En bas, plusieurs bâtisses dont deux petites tours ; dans chacune, la représentation d’une divinité (ou des restes). C’est petites tours se retrouvent dans de nombreux ensembles angkoriens mais également dans des lieux comme Mi Son (au Viet Nam), les temples de la période du Champa : une base carrée, des murs dont un seul est percé d’une porte, puis ils montent en se resserrant pour former une ouverture en hauteur (comme une cheminée) par laquelle pénètre la lumière. A partir de la mi-hauteur, des ouvertures en meurtrières, parfois de petites balustres.
            Aux pieds des grands escaliers, une sorte de petit bassin envahi par la végétation. Il aurait servi aux crémations. Vu le nom du site qui signifie « Tourner le corps », cela peut avoir un lien. La montée des escaliers est un peu dure car ils sont extrêmement raides ! Heureusement que des lions de pierre veillent sur nous ! Si les lions sont en pierre, l’ensemble est fait de latérite ou de briques assemblées par seulement un liant végétal… Arrivés en haut, on a une vue superbe sur l’ensemble du site. (j’ai eu une pensée pour ces gens en Occident qui veulent la sécurité à tout prix car, ici, pas de balustrade autour des terrasses ! en cas d’accident contre quel architecte se retourneraient-ils ?...... Mais les très sécuritaristes se retourneraient sans doute contre les responsables des sites !...). Bref, cet endroit passionnant offre un spectacle superbe sur les alentours. Les « cheminées « des petites tours, en bas, se voient très bien.
            On peut  admirer tout à loisir les fausses portes sur trois faces de chacun des édifices, toutes sont particulièrement et différemment ornées de bas et hauts reliefs. La tour principale est accessible par quelques escaliers supplémentaires. Les murs de chaque bâtisse étaient autrefois recouverts d’un mortier à base de chaux.
            Sur certains édifices, la végétation n’a pas abandonné ses droits aux pierres et briques, leur donnant un aspect étrange de jardins suspendus.

Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos


Ta Prom

            Ta Prohm fait partie des temples qu'on rêve de voir : des ruines magnifiques envahies, (soutenues ?) par des arbres aux racines imposantes ; les découvreurs du XIXe siècle ont bien fait de vouloir le conserver à peu près tel qu'ils l'avaient trouvé. On peut imaginer ainsi le travail formidable et long qu'il a fallu pour dégager les autres lieux (et l'entretien continuel nécessaire pour la conservation en l'état et l'accès). La végétation donne un charme étrange à cet ensemble qui fut à la fois temple et ville il y a quelques siècles.


              Ce temple monastère dont le nom signifie "Temple de Brahma l'Ancêtre" et appelé initialement Rajavihara "monastère royal" fut construit au XIIe siècle par Jayavarman VII qui le dédia à sa mère (divinisée sous les traits de Prajnaparamita, déesse génitrice des bouddhas, (Perfection de la Sagesse). Par des inscriptions sur des blocs de pierre (actuellement conservés au Musée National de Phnom Penh), on peut imaginer la richesse d'alors : 500 kg de vaisselle d'or, 35 diamants, 40 600 perles, 4 500 autres pierres précieuses, 876 voiles chinois, 512 litières en soie, 523 parasols.... 12 640 personnes vivaient dans un espace de 60 hectares dont 18 grands prêtres, 2 710 officiers et 2 232 auxiliaires, 615 danseuses ; 3 140 villages et leurs habitants.. en plus des prasats, des habitations de pierre et de briques. (source ANGKOR par Marilia Albanese - National Geographic).


                Les murs des divers bâtiments sont sculptés de divinités et danseuses. L'ornementation est riche et belle. La végétation (surtout des fromagers et des ficus) semblent respecter cette beauté (mais cette impression est due au travail des hommes du site d'Angkor...). Parmi ces édifices, certains ont été construits ultérieurement à l'ensemble initial.


               Nous avons terminé notre première journée à Angkor par cette visite. Le choix du guide était judicieux car cet endroit, même s'il est de style Bayon comme plusieurs autres sites vus ce même jour, donne un sentiment tout autre grâce à la forêt omniprésente.


Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos


Bantéay Srey

            C'était le matin. Le soleil était levé mais encore bas. La lumière était donc douce et favorisait la vision des dessins des bas-reliefs.
             Nous pensions qu'il n'y aurait pas trop de monde en ce lieu un peu écarté mais il y en avait encore trop à mon goût pour pouvoir prendre des photos tranquillement (chacun pense cela des autres... bien sûr !) ; Non pas me diriger vers le temple comme Etienne avait commencé de le faire, je suis restée en arrière et j'ai bien fait. En effet, on peut voir sur la droite une petite bâtisse (une bibliothèque ? un pavillon ?) en mauvais état mais actuellement en cours de restauration. Le portique d'entrée n'est pas très abîmé et très beau. Cet endroit est merveilleux par la beauté de ses bas-reliefs et sculptures, de ses balustres, linteaux et son tympans, ses dimensions si petites. Peu de curieux s'y arrête et c'est donc à loisir qu'on peut en faire le tour, s'arrêter, mettre le nez sur les pierres ! et en percevoir la paix. Nous avons retrouvé ici les deux visiteurs croisés la veille à Ta Som, aussi enchantés que nous.
            Puis c'est l'avancée vers le cœur du site par un long chemin pavé de latérite, une voie professionnelle. Des portiques, des galeries, trois enceintes séparées par d'étroits espaces herbeux occupés par des édifices allongés plus ou moins grands. Ici aussi on se perd. Malgré de nombreux visiteurs, en allant en sens inverse du plus grand nombre, on peut se retrouver seul. On ressent alors un curieux sentiment. Angkor est une sorte de première fois et je ne sais à quoi cela tient. Peut-être que, ici comme à Bénares, on ressent la spiritualité omniprésente depuis des siècles ?

 
            En plusieurs endroits, on est surpris par des singes roses... Ils sont les gardiens des escaliers. Les originaux sont au Musée National de Phnom Penh (et ne sont pas de ce rose !). La présence de ces singes, comme tout neufs, paraît incongrue dans cet ensemble de bâtiments si finement sculptés de bas en haut, rois, divinités, apsaras ; frises représentant des scènes mythologiques, le tout avec une grande profusion de détails (on peut penser à Kajouraho ou Konarak, en Inde). Il faut prendre le temps de regarder tout cela ; bien sûr, on ne verra pas tout mais s'arrêter pour admirer les dieux et déesses, les rois, les danseuses avec leurs bijoux, leurs coiffures, leurs vêtements si recherchés, les attributs symboliques. Les visages sont sereins. Est-ce parce que nous sommes dans un lieu dédié (peut-être) aux femmes ? Bantéay Srey signifie "Citadelle des femmes".

Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos


Bantéay Kdei

            Nous sommes ici dans un petit ensemble aux bâtiments de taille modeste. On y retrouve les visages apaisants des bouddhas souriants (comme au Bayon, à Angkor Tom ou Ta Prohm).


            Pour moi qui aime les balustres, là tout particulièrement, j'ai pu en voir de nombreuses et particulièrement belles. Si les édifices ont été très abîmes, ils ont été aussi très bien restaurés. On peut donc les admirer pourvus de toutes leurs colonnettes sculptées. Les apsaras et devatas sont également largement représentées avec des pauses, des tenues très variées. Les bas-reliefs ne sont pas tous ici figuratifs : des rosaces, volutes et autres dessins géométriques se mêlent aux fleurs et personnages.


            On parcourt de nombreuses galeries. Sur la partie centrale des galeries en croix de la troisième enceinte, on peut voir un bouddha contemporain, paré de tissus jaune d'or. Les offrandes sont toujours présentes. Là réside peut-être une grande partie du charme d'Angkor : des bâtiments hésitants comme des vestiges mais vivants comme des lieux de cultes actuels...


            Le Banteay Kdei fait partie des temples "plats" (à l'opposé des temples montagnes), pas de grands escaliers, d'esplanades sur plusieurs niveaux. Bien sûr, on trouve souvent quelques marches pour aller d'une galerie à l'autre, des passages de portes plus ou moins rehaussés mais l'ensemble s'étend simplement.

Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos


Banteay Samré

            La citadelle des Samre.


          Banteay Samre a sûrement été construit au XIIe siècle à l'initiative d'un haut dignitaire de Sûryavarman II puis a été agrandi au XIIIe siècle sous  Jayavarman VIII.

 
          Si Banteay Samre fait partie des plus beaux sites d’Angkor, il a été pour moi l’un des plus particuliers. Vraiment bicolore, en rose et gris,  couleurs de la latérite et du grès (On en retrouve l’utilisation simultanée couramment à Angkor mais ici, leur différence de couleur semble avoir été particulièrement mise en valeur). De très nombreuses fenêtres sont parées de balustres sculptées de frises en anneaux (fleurs, motifs abstraits). Les murs roses des étroits couloirs donnent une luminosité particulièrement douce. La plupart des linteaux, presque tous en grès, portent des bas-reliefs en très bon état représentant des scènes du Ramayana. Il faudrait s’arrêter devant chacun d’eux ! dieux, humains et demi-dieux se mêlent dans une histoire complexe ; comme tous les grands mythes, le Ramayana tente de nous raconter l’histoire du monde… et, exprimé par tant de beauté, on voudrait bien tout croire ! Les terrasses portant les bâtiments sont bordées de naga (serpent à plusieurs têtes).


            Banteay Samre vit aussi de légendes qui comportent, bien sûr, quelques variantes.

 

Le Roi des Concombres Doux… Un jardinier du peuple samre cultivait de délicieux concombres doux. Le roi en entendit parler. Or, il raffolait des concombres doux… Après les avoir goûtés, il demanda au jardinier de lui réserver tous ses concombres, de bien garder le champ afin que personne ne vienne en cueillir. Le jardinier s’exécuta. Mais le roi voulut vérifier par lui-même que le champ était bien gardé ; un soir, il vint au champ de concombres… il était si bien gardé par le jardinier que le roi fut tué… Le roi gourmand et suspicieux n’avait pas d’héritier et il lui fallait un successeur. On fit donc appel à l'éléphant de la victoire du Mebon. Il chercha et désigna comme successeur au roi... le jardinier. Ce dernier résida au Banteay Samre. Le roi défunt fut enterré à Pre Rup.

Cliquez sur l'image pour accéder à la galerie photos