Delhi

        New ou Old Delhi, ce n’était pas notre but mais ce fut l’étape suivante même si nous n’y avons pas vraiment séjourné. Nos projets étaient Agra, Bénarès, Kakjouraho….
        Mais il y a ce qu’on souhaite faire et il y a ce que l’on fait ! Selon les aléas des rencontres.
        A Delhi quelqu’un nous a indiqué un hôtel un peu excentré « très bien et pas cher ». En effet, c’était très bien et relativement pas cher mais trop cher pour nous qui souhaitions rester trois mois en Inde même si cet hôtel était fait de bungalows individuels dans un grand parc… Et là quelqu’un d’autre nous a parlé de LA Mission. Ashoka Mission. Une mission bouddhiste à quelques kilomètres de Delhi, à Mérauli.
        C’est là que nous sommes passerons nos séjours à Delhi…
       Nous retournions à Delhi pour balader, faire des achats, manger des glaces (au café dans un grand verre de café au lait glacé…). Connaught Place, évidemment ! Pour aller à la poste, pour rencontrer par hasard un ami de Biarritz qui était là aussi… (et c’est arrivé deux fois !). On dirait que toute la terre se retrouve sur Connaught Place !

        Dans Old Delhi, nous avons pu voir de splendides émeraudes. Quels beaux cailloux verts ! Si transparents ! Mais pas prévus dans notre budget !!!! Même en Inde les pierres précieuses ont un prix ! Mais nous avons pu acheter des œil de tigre, une rubis-star (c’est étonnant cette pierre rouge sombre avec ses reflets irisés en forme de croix). Mais ma préférence va vers les pierre de lune. Nous en avons acheté des fines et des « grossières » qui sont plus blanches (un peu comme des opales), des orangées. Nous avons constaté ultérieurement que ces dernières sont souvent portées en bague par les hommes.
          Quand on fait des courses à Delhi, il n’est pas rare de trouver des magasins fermés portant l’écriteau « Tea Time » sauf qu’il n’y a pas d’heure pour le thé….
        Nous avons eu aussi la malchance, lors du premier voyage, de connaître le quartier des ambassades : le consulat de France. Car nous nous sommes fait voler tous nos papiers et la plus grosse partie de l’argent à Bopal. Mais je reviendrai sur ce vol plus tard. Il y a eu également des élections cantonales auxquelles j’ai voulu participer parce qu’un ancien de mes professeurs du collège s’y présentait et je voulais  absolument voter contre lui… Je ne vous dit pas la tête des employés quand nous avons fait les démarches ! Ils étaient sciés de voir deux jeunes qui venaient pour des cantonales !!! Mais nous avons fait notre devoir civique….
        Nous avons aperçu le Fort Rouge qu’Hergé avait très bien représenté dans « Tintin et le lotus bleu » (ainsi que Qutb Minar que nous verrons en suite à Mehrauli)
         Et un tour à Chandni Chowk, où l'on trouve de tout, on y a même trouvé une membrane pour la pompe à essence de la voiture qui se trouvait en panne !
        Egalement la visite d'un musée (dont j'ai oublié le nom, l'Indian Museum peut-être) mais très riche en art indien. Des miniatures, des sculptures. A voir absolument !
         Il n’y avait pas de vaches dans les rues de Delhi, cela nous a déçus.
         Si New Delhi a Connaught Place, elle a aussi Old Delhi et des quartiers misérables.                 
         Même quand on aime un lieu et qu’on en parle en bien, il ne faut pas oublier l’autre face.

Diverses informations :

Site très intéressant sur les monuments historiques de Delhi aujourd'hui :

http://www.confinde.com/2012/le-patrimoine-historique-de-delhi/



Mehrauli, Ashoka Mission

         Nous nous étions donc rendus à Ashoka Mission.
        C’était une mission bouddhiste, entourée de vieux murs d’enceinte rouges. Vers le mur ouest, des bâtiments aménagés en chambres sommaires hébergeaient les voyageurs pour un prix dérisoire. Vers l’est, se trouvaient les bâtiments abritant les membres de la mission. Le moine principal, The Monk, dirigeait l’ensemble. Il était assisté d’un jeune moine anglais dont je n’ai pas retenu le nom.
        Nous avions une petite tente et avions pu l’installer près d’un arbre à côté du bâtiment de la mission. Un peu plus loin, se trouvaient des points d’eau pour la toilette et le lavage du linge; Quant aux toilettes, c’était très particulier ! En effet, un peu plus loin de là, par un sentier, on arrivait à une entrée sans porte. Un mur faisait le tour. A l’intérieur, des cloisons formaient de petites cabines sans porte, c’étaient les wc : une planche à environ 50 ou 60 cm au-dessus du sol, un trou et une boite de conserve vide posée à côté… Devant la suite des wc (5 ou 6), un espace et un point d’eau pour remplir la boite avant de vaquer à ses ablutions… J’aurais aimé photographier cela mais je ne l’ai pu car il y avait toujours quelqu’un !

        En plus des moines, des visiteurs de la mission, des voyageurs, il y avait plusieurs personnes qui travaillaient là.
- un jardinier. Un homme adorable qui, quand nous sommes revenus à la mission après le vol de nos papiers et argent, déposait discrètement, pendant notre absence, à côté de notre tente tantôt un chou, quelques tomates, des carottes. Nous avons été très touché par sa gentillesse si discrète.
- « Salam ». Tout le monde l’appelait ainsi, il était homme d’entretien et était musulman. Lui aussi a été généreux envers nous quand nous avons été en difficulté. Comme le jardinier, en notre absence, il déposait quelques morceaux de bois, un peu de charbon de bois près de la tente. Je n’oublie pas tout cela.
- « Cilélo » (je ne sais pas comme l’écrire !) C’était un vieil indien qui venait à la mission pour vendre des bananes. Il arrivait en disant très haut « Cilelo bananas ! » (bananes à vendre). Beaucoup lui en achetait même si celles du marché de Mérauli étaient plus belles… Parfois il avait des fromages en portions venant des avions… (ne m’en demandez pas le parcours !)
- et Jean. Jean était un Belge marié à une Goanaise charmante, ils avaient un petit garçon très mignon. Jean s’occupait de la tea-shop à côté des logements pour visiteurs. Il y préparait, entre autres, de délicieux pan cake ! Je ne connaissais pas ça et j’en ai largement profité ! Au cas où, miracle, il lirait ce texte et se reconnaîtrait, je serais ravie d’avoir de ses nouvelles ! Nous avons passé d’excellents moments ensemble.

        The Monk était très estimé et aimé à Delhi et à l’entour. Il soignait les gens par une forme de chroma thérapie. Selon le problème qu’il avait diagnostiqué, il faisait boire de l’eau qui devait ou pas être exposée au soleil ou à la lune dans des bouteilles de couleur appropriée. Un projet d’aménagement de salles pour exposer les personnes à des lumières de couleurs était en cours. Il imposait aussi les mains. Mon compagnon avait des problèmes d’asthme et bronchites chroniques. Le Monk lui a imposé les mains et fait boire de l’eau qui devait être exposée au soleil dans une bouteille brune (comme celle de la bière Fisher). A l’imposition des mains, il avait ressenti un grand bien-être. Il a bu l’eau et la fait encore quand c’était nécessaire après notre retour. Pendant plus d’un an, plus de bronchite. Les problèmes respiratoires n’ont jamais plus
été aussi forts qu’avent….
        Quelques fois, le Monk nous demandait de l’accompagner quand il allait à Delhi. Nous le faisions volontiers. C’était un homme très agréable et nous avions ainsi plus l’occasion de bavarder avec lui.
        Quand un jour nous lui avions demandé pourquoi il mangeait de la viande et du poisson alors  que nous le croyions végétarien, il nous a répondu : Je suis végétarien mais la viande et le poisson sont des présent et on ne doit pas refuser un cadeau ni gaspiller la nourriture ». Et pour le poisson, un peu d’humour : « si les poissons se font prendre, c’est parce qu’ils ont mordu à l’hameçon par gourmandise, on peut les manger ! ». Mais nous avons aussi parlé du bouddhisme et de diverses questions.
        Les Indous ne sont pas sectaires en matière de religion. Ils estimaient le Monk et certains lui demandaient sa bénédiction. Nous sommes ainsi allés à un baptême indou pour accompagner le jeune moine anglais qui le représentait lors de la cérémonie à laquelle Le Monk  lui-même ne pouvait se rendre. Il y a eu la cérémonie hindoue célébrée par un brahmane et une bénédiction par le moine bouddhiste. En suite, bien sûr, photos puis repas… Un excellent reps végétarien servi par terre sur des feuilles d’arbre rassemblées entre elles et séchées.

        Parfois, des réfugiés venaient là quelques temps. Je me souviens tout particulièrement de deux jeunes Laotiens. Leur expression m’avait impressionnée : de la douleur. A les regarder, je ne ressentais que de la douleur. Ce qui avait été comme miraculeux, ce fut leur sourire et leur expression de joie quand nous leur avions prêté l’orgue indien. Ils en avaient joué en chantant des chansons laotiennes et ç’avait été un vrai bonheur. Pour un moment, ils avaient du se retrouver.
        A la mission, vivaient aussi des animaux : chiens, volailles, veau , paons et autres. Il faut que je vous parle également d’eux car c’était amusant.
        Deux chiens nous avaient adoptés (et reconnus à chacun de nos retours) : Cooky et Blacky. Mais chacun était jaloux de l’autre… Très souvent, ils « gardaient » notre tente ! Personne ne pouvait s’approcher en notre absence ! La nuit Cooky entrait dormir au pied de notre duvet. Blacky n’appréciait pas (mais la tente était trop petite pour 2 personnes et 2 chiens) ! Il a donc plusieurs fois mordillé les cordons qui tenaient la tente jusqu’à les couper ! Il faisait ça la nuit. Mais les deux chiens étaient super sympa. (je n’ai pas de photo de Blacky et une mauvaise de Cooky).
        Des pintades : elles adoraient picorer les pneus de la voiture. Je ne connaissais pas vraiment ces animaux, elles sont très belles toute noire et blanche comme à petits pois, leur « chant » bizarre.
Mérauli, Ashok Mission 
        Le veau nous avait fait rire car, je ne sais plus au cours de quel séjour, il y avait aussi à la mission, un jeune chien berger allemand. Ils ont fait ensemble des parties pas possibles ! Mais le veau n’a quand même pas les réactions et la vivacité d’un chien ! Pourtant, il semblait y mettre de la bonne volonté !
        Il y avait aussi une sorte de petits écureuils au dos rayés de blanc et noir, en longueur. Très jolis.
        Au deuxième voyage, nous avions amenés de France, du chocolat en poudre et des pâtes. Ca a fait des heureux ! C’était touchant de voir le regard presque enfantin des personnes qui retrouvaient ces saveurs qui manquent sans qu’on s’en rende vraiment compte ! (il y avait du chocolat en Inde et on pouvait parfois trouver des pâtes, mais ce n’était pas bon).
        Tellement de bons moments dans cette mission !
        Tant de gens croisés, rencontrés !

 

Le site internet de la mission :

http://www.asokamission.com/app/about-asoka-mission



Mehrauli, Qutb Minar

        Qutb Minar est peut-être un minaret, en tout cas, une tour qui aurait été bâtie pour célébrer la victoire des troupes de Qutb ud-DIN Aibak.
          Et quelle tour !
        Sa construction s’est étendue sur près de deux siècles ! Commencée en 1193 avec un seul niveau, trois lui sont ajoutés plus tard et enfin, en 1368, le dernier niveau est construit. C’est ce qui en fait sa particularité : des styles différents sont visibles selon les époques de leur édification.
        C’est une construction de grès rouge qui passe d’une base de 14 m2 à 2,7 m2 à la cime en 72 m de hauteur… Mais les deux derniers niveaux sont blancs, en marbre. Les blocs de grès proviennent de temples brahmaniques et la tour a été construite sur l’emplacement d’un fort indien. A ses abords, on peut voir également une sorte de péristyle aux piliers sculptés ainsi que divers bas reliefs visibles sur des blocs de grès. Quand divers types d'art se côtoient... L'ensemble est particulièrement beau et intéressant.
         Nous n’avons pu gravir les plus de 300 marches de ses escaliers car la visite était interdite par mesure de sécurité. (j’ai lu qu’il y avait eu beaucoup de suicides et que c’était pour cela que la tour avait été fermée au public.)
        Elle se trouve à une dizaine de km de Delhi, à Mehrauli. Elle était le cœur d’un ensemble de constructions mongoles : mosquées, tombeaux, dont les vestiges s’étendent autour de Méhrauli. Ces monuments étaient alors abandonnés, envahis plus ou moins par la végétation.

De la documentation :

Le site de l'UNESCO :

http://whc.unesco.org/fr/list/233


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Mehrauli, le pilier d’Ashoka

        Proche de Qutb Minar, se trouve aussi le Pilier d’Ashoka. Un pilier de fer érigé en l’honneur de Vishnou au IV e siècle et qui n’a pas subi de corrosion, ce qui est étonnant en plus des 1600 ans exposé aux intempéries sous un climat humide de moussons ! Des études scientifiques ont montré qu’il est fait de plus de 99 % de fer (mais pas 100), ce qui est déjà extraordinaire à cette époque (ce n’est qu’au XIX e siècle que les métallurgistes européens ont obtenu ce pourcentage). D’autres analyses faites en 2002 par M. Balasubramaniam de l’Institut Indien de Technologies de Kanpur montrent que la non corrosion du pilier est due à un film protecteur formé par catalyse lors de la fonte du fer au charbon de bois qui dégageait du phosphore. (comme quoi, les vieilles méthodes…) Il s’est épaissi avec le temps.
            Son érection est due à Kumaragupta dont la dynastie a régné sur le nord de l’Inde du III e siècle au VI e siècle. Mehrauli ne serait pas son emplacement d’origine. Il aurait été transporté là au X e siècle. (je me suis demandé comment car il pèse près de six tonnes !) A l’origine, il était surmonté d’un symbole de Vishnou qui aurait été enlevé par les envahisseurs musulmans. 
             Ce qui nous avaient étonnés à ce moment-là, c'était que ce lieu était peu visité par les étrangers ou les Indiens eux-mêmes (ce qui en rendait d'ailleurs la visite très agréable !). J'ai lu que maintenant c'est différent. Qutb Minar serait le lieu le plus visité de Delhi (au début des années 70 Mehrauli était à plusieurs kilomètres de Delhi mais je suppose que depuis de nombreuses constructions ont dû voir le jour sur ce parcours champêtre !).