VOLUBILIS

        C’est lors du séjour au Maroc durant l’hiver 2001 (en voiture) que nous avons visité Volubilis. Quand on séjourne à Mekhnès, comment ne pas aller à Volubilis ? Un si joli nom…
         Etant enfant, (avec les « latinistes » de la classe de 6ième du collège), j’avais eu le plaisir de visiter Vaison-la-Romaine mais le souvenir lointain et les trop rares photos ne me donnaient que peu d’images concrètes : les gradins des arènes, les statues presque blanches aux beaux visages, les réflexions de quelques garçons étonnés de voir des hommes nus, la chaleur, les robes en nylon… une journée loin de la maison… le souvenir d’allées pavées, de colonnes, de mosaïques mais rien de précis.
         J’étais donc ravie de voir Volubilis afin de mettre des images « fraîches » dans ma mémoire d’adulte.
         Depuis Mekhnès, environ 35 km d’une route sinueuse  à travers la campagne, plaine et petites montagnes ; des collines, des arbres, l’endroit est vraiment plaisant. Une plaine très fertile, favorable à l’agriculture et à l’élevage, entoure la ville édifiée sur un plateau surélevé et dont la construction a été facilitée par les carrières avoisinantes. A quelques kilomètres de là, sur un autre tertre, la ville de Moulay Idriss, plus récente.
         Avant d’être habitée par les Romains, Volubilis était déjà une ville importante habitée par les Berbères (seules traces de cette période : une portion de rempart, de rares statues, des pièces de monnaie). Cette ville dont on ne connaît pas l’ancien nom et datant du IIIe siècle avant JC était structurée, avec ses institutions, ses belles demeures, ses habitants aux rôles et fonctions multiples. On ne sait si elle fut capitale de sa région, en tout cas, elle était ouverte aux échanges commerciaux (quelques objets, textes latins) Cette région riche en oliviers favorise la fabrication et le commerce de l’huile.
         Quand les Romains s’installent à Volubilis, vers 40 après JC, c’est pour mieux contrôler le Maghreb. Dans les premiers temps, ils construisent monuments et maisons en respectant les édifices et habitations préexistants mais, petit à petit, les traces de la civilisation les ayant précédés vont disparaître sous de nouvelles constructions typiquement romaines…. La structure de la ville, ses lois, son mode de vie, se romanisent. Cela durera près de trois siècles, jusqu’à ce que les Romains quittent Volubilis pour aller vers le nord (à Tanger).
         Le déclin de Volubilis a alors commencé pour ralentir légèrement au XVIe siècle. Mais ce sursaut n’aura pas suffi et Volubilis, après avoir été une ville importante au cœur du Maroc, une ville stratégique de l’Empire Romain, est devenue vestige… témoin de civilisations passées au riche héritage.
         Quant à moi, j’ai retrouvé là les belles colonnes, les allées dallées et bassins, les moulures ouvragées, arc de triomphe et vestiges d’habitations, les systèmes d’irrigation mais surtout, j’ai pu admirer de superbes mosaïques particulièrement bien conservées !

Un très beau site :                             
http://www.sitedevolubilis.com

Des documents particulièrement intéressants à lire sur PERCEE (même si certains sont largement de pensée colonialiste !) :

Les Thermes de Volubilis et la maison à la citerne :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1965_num_77_1_7493

Une Inscription sur bronze :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1954_num_98_2_10241

Notes sur les fouilles de Volubilis (Louis CHATELAIN, 1915) :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1916_num_60_4_73753

Sur Google books, des extraits de « Volubilis une cité du Maroc antique » de Jean-Luc Panetier (Ed. Maisonneuve et Larose :
http://books.google.fr/books?id=ic1yyDTkBAAC&pg=PA135&lpg=PA135&dq=volubilis+perc%C3%A9e&source=bl&ots=mCQ0sooClu&sig=jTtk7DiZjPepgcsDbZ3yPeZlhyU&hl=fr&ei=vwqFS_2YAsiu4Qbz1vzaAQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=5&ved=0CBQQ6AEwBA#v=onepage&q=volubilis%20perc%C3%A9e&f=false

UNESCO, site de Volubilis :
http://whc.unesco.org/archive/2006/mis836-2006.pdf

BAUDELET, photos des mosaïques de Volubilis :
http://www.baudelet.net/voyage/maroc/volubilis-mosaiques.htm


AGADIR

        Avant d’aller à Agadir, l’image que j’en avais était celle d’une fracture dans le sol vue sur une grande photo en noir et blanc dans Paris-Match… Je n’ai pas vécu le tremblement de terre d’Agadir du 29 février 1960. Ce n’était pour moi qu’une photo mais j’avais été très impressionnée. J’avais réellement perçu que la terre pouvait se fendre, que des gens pouvaient y mourir…
        Mais voilà, nous étions en 1981 et le temps avait passé.
        La ville sur la colline n’a pas été reconstruite, elle est comme la tombe de nombreuses personnes, en paix. La nouvelle ville a été bâtie en bas, en bord de mer avec son port, ses ruelles et avenues, un Club Méditerranée et autres lieux prévus pour les vacanciers qui ne souhaitent pas voir le pays ni ses habitants… mais aussi des habitations luxueuses ou modestes, des restaurants (merveilleuses soupes si parfumées, poissons grillés ou cuisinés), commerces, artisanat ; toute l’activité humaine quotidienne. La vie suit son cours.
        Nous n’avons pas séjourné à l’hôtel (car nous voulions passer l’hiver au Maroc) mais au camping. C’était la solution la plus économique et ma foi, très agréable. Ce n’était pas le « camping des flots bleus ».avec ses miss ceci ou cela et les fiestas artificielles, bruyantes et pré-machées Ici, la plupart des campeurs étaient plutôt des résidents de plus ou moins longs séjour ! Jeunes Marocains qui n’avaient pas les moyens de louer un appartement, quelques retraités français qui vivaient les 6 mois d’hiver à Agadir (et oui, il y en avait en 1981, des gens qui vivaient très simplement un quotidien tranquille); aussi des familles avec des enfants pour des périodes de vacances. Nous avions posé notre tente à côté de camping cars : d’un côté un jeune Marocain, derrière des Français à la retraite. Nous avions sympathisé. Souvent nous faisions la cuisine avec le Marocain (j’ai oublié son prénom) ; nous avons ainsi appris à faire la tajine. Un de ses amis dont j’ai oublié le métier, pour arrondir ses fins de mois, coupaient les cheveux (il n’était pas coiffeur mais avait un bon regard et coup de ciseau !. Il m’avait fait une coupe courte super sympa ! On avait bien ri alors ! Le camping était agréablement arboré, avait une petite épicerie où l’on pouvait se dépanner, des toilettes et douches.
        Agadir, c’est aussi le port. Ces cargos qu’on voyait chargés et déchargés tous les jours de toutes sortes de denrées, même des animaux vivants. Je me souviens surtout d’un troupeau de chèvres. Un chevreau suivait sa mère en bêlant et essayant de la téter. Cela m’avait coupé l’envie de manger de la viande pour un bon bout de temps ! Juste en voyant cette chèvre et son petit qui partaient sûrement vers un abattoir…
         C’était aussi une grande plage où mes amis allaient faire de la planche à voile. Généralement, le vent était bon. Il n’y avait pas la foule et peu de véliplanchistes (quelques allemands). Comme le sport n’est pas mon fort et que j’aime voir l’eau mais pas m’y mettre dedans ou dessus, j’ai beaucoup lu, un peu bronzé.
         Généralement, le temps était beau mais il y a bien eu quelques gros coups de vent, un peu de sirocco, un peu de pluie. C’était l’hiver.
        Ce n’est pas une spécialité locale mais c’est à Agadir que j’ai fait une vraie cure d’œufs durs ! De petites échoppes, surtout vers l’extérieur d’Agadir, vers Taghazout vendaient d’excellents sandwiches aux œufs durs dans des pains ronds et c’était ce que nous achetions très souvent dans l’après-midi (quand nous n’allions pas dans le centre-ville pour prendre une soupe).
         Pour changer d’Agadir, nous allions à Taghazout (au nord d’Agadir) où un terrain vague permettait de poser des tentes. C’était un endroit tranquille à proximité d’un village. Nous allions aussi à Inezgan (au sud) pour la journée. J’aimais particulièrement le marché de cette petite ville.

Un prospectus pris à l'Office du Tourisme Marocain, en 1971....

Prospectus de 1971
Prospectus de 1971

Office du Tourisme d’Agadir :
https://www.infostourismemaroc.com/ville/tourisme-maroc-ville-Agadir.html

Un site très bien fait présentant Agadir :
https://www.visitagadir.com/

L’histoire d’Agadir :
http://agadirmonuments.com/agadir/histoire/


BIN EL OUIDANE

        Bin el ouidane signifie « entre les fleuves ». Il y a bien des rivières dans cette région mais le lac est aussi entre les montagnes. De splendides montagnes roses.
        On y arrivait en suivant une route sinueuses qui montait et montait tant et si vite qu’en certains endroits on avait comme une vue aérienne sur la campagne. On apercevait des rectangles multicolores, de petits cubes beiges ou rosés, un peu de brume et des enfants surgissaient d’on ne sait où ; les champs et maisons ainsi vus prennent un aspect irréel.

     Avant d’arriver au barrage qui forme le lac (usine hydroélectrique), nous avons été arrêtés par des militaires qui semblaient restreindre l’accès à ces lieux. Mais nous souhaitions y aller pour leur beauté que nous découvrions de virage en virage et préalablement car mes amis voulaient y faire de la planche à voile. Après quelques palabres, ils nous ont laissé passer, paraissant un peu étonnés. Ils nous avaient prévenus qu’il n’y avait rien. Et c’était vrai. Sauf un vrai paradis ! que l’eau bleue et les montagnes roses… Le silence. Nous avons monté la tente.
        Il n’y avait pas vraiment assez de vent pour les véliplanchistes mais la magie du lieu compensait le manque de force éolienne…
        C’était impressionnant, magnifique, d’être là. Simplement d’être LA. Le déplacement du soleil rajoutait ses nuances aux couleurs si belles des montagnes, de l’eau et du ciel. Faire sa toilette ici, dans une eau si claire, devenait presque un geste sacré !
        Juste le souffle du vent et les planches à voile qui glissaient sur l’eau… devenant ici bruyantes malgré leur discrétion.
        Nous sommes restés une dizaine de jours à Bin et Ouidane. Nous avons donc pu aller au marché d’un village voisin. Pas de grand souk comme à Marrakech ni de médina comme à Casa ou autre grande ville. Un petit village et son marché hebdomadaire où les gens viennent faire leurs achats domestiques. Les femmes portaient des costumes superbes que nous n’avons pas revus ailleurs.


KSABI

       Pour aller à Ksabi, c’était simple : prendre la première piste à droite après Goulimine en descendant vers le sud…
        Quand nous en parlions avec les gens, ils nous disaient qu’il n’y avait pas d’hôtel, pas d’endroit où loger hors Goulimine. Nous avons donc décidé de rouler (c’était lors du 2e voyage à moto) vers le sud et de prendre la première route à droite. Pourquoi à droite ? parce que c’était la direction de l’océan. Et oui, envie de désert et d’océan… La première route fut une piste. Là, la moto était d’un grand intérêt car elle nous permettait de rouler aisément dans les traces de roues des camions… La piste sinuait (on peut se demander pourquoi les pistes traversant des lieux vierges font de telles courbes !) parmi de gros buissons poussiéreux. Elle passait par un village où nous nous sommes arrêtés. Nous pouvions considérer que c’était notre but. Il n’y avait quasiment personne sauf l’épicier et un client bavardant dans la petite échoppe qui semblait plus ouverte pour laisser entrer le soleil que pour faire du commerce ! Ils furent étonnés quand nous leur avons fait part de notre souhait de passer un mois ici. Ils ne savaient pas où nous pourrions séjourner mais une autre personne est arrivée et a parlé d’un homme qui avait un jardin à l’extérieur et qu’il avait peut-être quelque chose de disponible. Nous avons trouvé cet homme et, en effet, il nous a loué deux pièces dans une petite ferme à côté du village pour une somme très modique.
        Nous sommes allés voir le « jardin ». Ce que les gens de Ksabi appelaient jardin était en fait une petite ferme avec quelques animaux (ânes et lapins), un peu de terrain (oliviers, potager, herbes pour les lapins), deux ou trois bâtiments (habitations et abri pour les animaux) et surtout : un puits. Un puits qui faisait aussi office de citerne et bassin. Le tout entouré d’un haut mur couleur de sable.
        Là, vivait un homme jeune prénommé M’Bark, chargé de s’occuper des arbres, du potager et des animaux. Il était très sympathique et nous nous sommes très bien entendus.
        Nous avions deux pièces : l’une tenait lieu de cuisine et de salle de bain, l’autre de chambre et séjour… Pour la toilette, il y avait l’eau du puits. Pour la cuisine, nous avions acheté un brasero sur place et faisions tout cuire sur du charbon de bois ou du petit bois. Et là, je ne vous dis pas ! une simple omelette devient un plat de roi tant elle est parfumée ! Le meilleur souvenir culinaire que j’ai de Ksabi (à part un repas chez des habitants du village) est une soupe de pâtes faite par M'Bark sur un feu de bois...
        Régulièrement, nous allions à Ksabi faire quelques achats. Quand nous passions, les habitants, assis près de leur porte ou passant dans la rue, nous saluaient ou nous invitaient à venir chez eux.
        Nous sommes allés une fois pour un repas dans une famille qui nous a fait goûté un couscous de chameau. Il était particulièrement bon car la graine était moins blanche que celle habituellement utilisée et préparée avec un beurre comme ranci mais très agréable (fait avec du lait de chamelle ?), en légumes : uniquement des carottes et des navets avec quelques poids chiches, bien-sûr, des épices ; en dessert, une salade d’oranges à la cannelle. Nous avions passé un très bon après-midi avec la famille.
        Une autre fois, c’est une soirée que nous avons passée dans une autre maison car les femmes voulaient me « faire les mains ». Les décorer avec du henné. J’étais évidemment ravie ! Je ne savais pas le temps que cela prendrait ! Là, les hommes et les femmes étaient séparés, j’ai passé la soirée avec elles. Dommage que je ne parlais pas marocain et qu’elles ne parlaient pas français ! mais on arrive toujours à se comprendre, c’est bien ce qui, à posteriori, paraît étonnant ! Elles ont commencé par passer de la pâte de henné sur toute la paume et la dernière phalange de chaque doigt de la main droite, la même chose à la main gauche mais là, elles ont décoré le dessus de la main et des doigts avec des courbes ou des lignes brisées, des points. Puis : garder les mains au-dessus d’un brasero pour faire sécher. Elles ont alors bien rincé le henné, en ont remis une couche qu’il a fallu faire à nouveau sécher et cela trois ou quatre fois (je ne me souviens plus !). Il était plus de minuit quand tout a été terminé. Mais c’était très joli : des dessins orangé foncé, la main gauche bien décorée et l’autre très sobre. (cela a tenu 3 mois). C’était un beau cadeau qu’elles m’avaient fait. Nous avons bien ri, mangé des pâtes et bu du thé…
        Pendant ce séjour à Ksabi, nous avions rencontré à Goulimine des Français qui y faisaient un court séjour. Ils sont venus nous rendre visite dans « notre jardin ». Mais voilà, si les années 70 ont eu le grand intérêt de permettre une réelle liberté, une avancée dans les mœurs, cela a représenté aussi des abus ; il vaudrait mieux dire de l'incompréhension de la part de certains confondant liberté et grossièreté. Qu’une femme se baigne en petit maillot de bain dans la bassin à côté du puits a beaucoup choqué le jeune homme qui travaillait là (et nous aussi) mais elle n’a rien perçu…
        Ksabi, c’était aussi les enfants. Ils venaient chez nous, nous bavardions et ils nous apprenaient un peu de marocain (liste écrite à l’appui) et nous complétions leurs connaissances en français. C’est eux qui nous ont offert la chienne Ksabi, eux qui nous parlaient de la forêt… cette forêt que nous ne voyions pas et qui était tout autour du village… La forêt c’était ces épineux qui poussaient, clairsemés, tout à l’entour dans le sol sableux… Leur étonnement et le nôtre étaient une chose très amusante (et édifiante) : ils ne comprenaient pas que nous n’ayons pas vu la forêt et nous étions étonnés qu’ils en voient une… mais chacun a pris le temps d’expliquer à l’autre son idée de la forêt.
        A Ksabi, point d’océan. Il était à plusieurs kilomètres de là mais son vent rafraîchissait l’air (un peu trop parfois), c’était le printemps et la saison des vents ici.
        Nous avons fait quelques balades dans les environs, sans but précis, à pieds ou à moto, juste pour le plaisir des yeux, des sensations devant ces étendues de sable, de terre et d’arbustes, parsemées de villages et de jardins.


MARRAKECH

        Le but de notre premier voyage en auto-stop au Maroc était Marrakech. Mais notre parcours s’est arrêté à Casablanca car nous n’avions plus d’argent pour continuer, plus guère de crayons ni de papier pour faire des dessins et les vendre…Donc, demi tour vers la France et vers une saison d’été dans l’hôtellerie… (avec les arrêts nécessaires pour vendre encore quelques dessins).
        Mais au cours des deux voyages suivants (à moto et en voiture) nous avions été plus prévoyants et avons pu visiter le pays sans galère.
         Bien qu’étant allée deux ou trois fois à Marrakech, je n’en ai pas un souvenir précis. Une grande ville qui ne se résume pas à la place Jamaâ El Fna, des quartiers résidentiels, des quartiers populaires et d’autres, malheureusement, misérables. J’ai le souvenir d’une visite à une famille vivant dans une maison de terre très basse, dans un dénuement extrême. Mais ce sont aussi des commerces, entreprises diverses etc.
        Et c’est évidement la médina. Bien-sûr la place Jamaâ El Fna avec ses marchands d’eau, charmeurs de serpents, conteurs et autres saltimbanques ; le soir, les longues tables où se posent les restaurants ambulants avec leurs grandes marmites de soupe de tête de mouton, divers ragouts et autres plats délicieusement parfumés, les clients s’assoient sur les longs bancs et dégustent leur plat. C’est aussi le souk. Celui de Marrakech est particulièrement plaisant. Les rues semblent étroites tant elles sont bordées d’étals débordants de marchandises. Des sortes de canisses ajourées tamisent le soleil. Je revoie tout particulièrement les monceaux d’olives de toutes couleurs (noires et vertes mais également des roses, des presque violettes), de toutes tailles, dans diverses préparations natures, cassées, farcies…  Des rues aux épices, aux gâteaux et sucreries, des quartiers où de nombreux artisans travaillent, le fer, le cuivre, le bois, les tissus, le cuir. Couleurs foisonnantes parmi les teinturiers.
         Il faut aussi parler des hôtels. Même les plus modestes sont jolis. Si les chambres sont petites et spartiates (un lit, parfois un lavabo, des patères au mur, douches et wc sur l’étage), peintes en vert douteux, les couloirs sont larges et carrelés de banc et noir, le patio a en son centre une petite fontaine ou un arbre… On accède aux toits (pour étendre le linge). De là, on voit non seulement la ville mais les voisines qui étendent aussi leur linge, leurs tapis, bavardent. C’est l’endroit idéal pour écouter l’appel du muezzin. Je ne suis pas musulmane mais j’aime cette psalmodie qui me touche (c’était d’autant plus beau qu’au début des années 70 il n’y avait pas ces haut-parleurs braillards qui dénaturent les voix). Mais il semble que ces merveilleux endroits aient été rachetés pour la plupart par des étrangers dont de nombreux Français, transformés en riads de luxe… Certes, ce doit être plus joli que les chambres verdâtres mais quel prix ? Quel charme ? Si un tourisme de luxe prédomine, les prix augmentent pas seulement pour les étrangers mais pour les habitants aussi. Je doute donc que cette manne apportée par des touristes aisés soit réellement profitable aux Marocains. (mais peut-être que je me trompe et dans ce cas tant mieux).
        Marrakech m’a laissé également le souvenir d’une très bonne cuisine (les kefta aux œufs surtout) et de sublimes gâteaux dont j’ai oublié les noms mais pas le goût !


MARRAKECH sur Wikipédia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marrakech

Marrakech city guide (en français contrairement à ce que peut laisser penser le nom !) :
https://www.marrakech-cityguide.com/

L’Office du Tourisme de Marrakech :
https://www.infostourismemaroc.com/ville/tourisme-maroc-ville-Marrakech.html

L’histoire de Marrakech :
https://www.marrakech.fr/histoire


TAGHAZOUT

        Taghazout était un village à quelques kilomètres au nord d’Agadir. Un espace sableux où poussaient quelques arbres et une maigre herbe offrait un lieu où planter des tentes à large distance les unes des autres. Parfois un minibus aménagé en camping car. Quelques personnes venaient profiter de ce lieu si tranquille. Le seul bruit était celui du vent. Au pied d’un arbre, un Allemand avait installé une petite tente et une table. Il passait le plus clair de son temps à faire de savants calculs pour trouver la martingale qui lui ferait gagner le jack-pot au casino ! Il y a eu aussi quatre Français qui se baladaient avec leur petit nuage bleu et leur camping-car. Ils étaient très sympathiques et nous avaient offert un t-shirt décoré d’une belle feuille de chanvre… Nous y avons croisé d’autres personnes dont je n’ai pas un souvenir particulier.
          Et là, nous avons rencontré Albert. Je ne crois pas s’il s’appelait Albert, peut-être même n’avait-il pas de nom. C’était un grand chien jaune à la truffe noire qui nous avait adoptés dès notre premier passage à Taghazout. Il était venu vers nous et avait décidé de nous protéger. Il gardait la tente en notre absence (dixit les personnes qui passaient à proximité quand nous n’y étions pas). Le soir, il s’installait près de nous, acceptait la nourriture que nous lui donnions. Nous avions acheté pour lui un grand sac de pâtes pour lui préparer des « soupes » agrémentées des restes de reps ou autre selon ce dont nous disposions. A chacun de nos retours nous avions droit à de grandes fêtes de sa part. Je suppose qu’autrement, il vivait avec les autres chiens errant des environs.
          C’était le Taghazout d’il y a longtemps, en 1981…
          D’après des émissions tv que j’ai vues et ce que je peux lire ou voir sur internet, ce n’est plus la même chose ! Le lieu est toujours occupé mais…Le camping sauvage est devenu un « squat » discipliné pour camping-caristes aisés, retraités et qui se répartissent le terrain par nationalité ! Ahurissant ! Ce camping a été aménagé mais un terrain semble encore libre (ce qui parfois contrarie ceux qui payent et pensent que l’argent donne tous les droits, qu’ils aident les gens du pays en dépensant leurs bons sous ici !).
        J’aimerais retourner au Maroc mais je redoute, je redoute beaucoup ! Certains lieux ont été envahis par le tourisme en masse ou les retraités qui recherchent le soleil, la vie pas chère mais surtout pas de Marocains ! Il est vrai qu’on voyait un peu venir ça à Agadir dès ce début des années 80 mais je n’aurais jamais supposé que cela deviendrait aussi important.
         La petite épicerie où nous achetions des oeufs durs ou des sandwichs aux oeufs durs est-elle toujours là ? Est-elle devenu une supérette ?
          Heureusement, il y a tant d’autres lieux au Maroc !

 

Il semblerait qu’en 2008 ce n’entait pas encore la catastrophe
http://fr.taghazout.biz/plages-de-maroc.html

Ce que montre actuellement le Guide du Routard :

https://www.routard.com/guide_voyage_lieu/14487-taghazout.htm

Un lien qui confirme mes craintes au-delà ce que je n’aurais pas pu imaginer !
https://www.booking.com/searchresults.fr.html?aid=330633;label=msn-41jwYyOAlAb9QBffFhiS0Q-16813761750%3Atikwd-16722185437%3Aloc-66%3Anes%3Amtb%3Adec%3AqsTAGHAZOUT;sid=857808f975a7df003ae78a1fd298da58;city=81435;expand_sb=1;highlighted_hotels=370912;hlrd=no_dates;keep_landing=1;redirected=1;source=hotel&utm_campaign=Hotel%20-%20Morocco&utm_medium=cpc&utm_source=bing&utm_term=41jwYyOAlAb9QBffFhiS0Q&


TETOUAN

        Si Tétouan est si belle c'est sûrement en partie grâce à son histoire.
         Elle existait déjà dans l'Antiquité. Elle fut occupée par les Romains, les Phéniciens y ont ouvert des comptoirs puis vinrent les Arabes et les Espagnols plus tard, en dernier lieu, les Français. Les Tétouannais, eux, ont toujours été là.
        Tétouan a évolué au travers des siècles dans sa population, son architecture. Heures de gloire et heures de discrétion. Si au tout début du XIVe siècle la ville fut fortifiée, à la fin du même siècle, les Espagnols la détruisirent (guerre entre Tétouan et Ceuta, le sultan d'alors souhaitant annexer Ceuta -il est d'ailleurs bien curieux de voir une enclave espagnole au Maroc ainsi qu'une enclave anglaise en Espagne mais il y a là des conflits de pouvoir qui ne tiennent pas compte du bien-être des populations-). A la fin du XIVe siècle, les musulmans d'Espagne rejoignirent le Maroc et Tétouan put renaître, multiculturelle.
         Tetouan est surement la ville que je préfère au Maroc… peut-être parce que c’est là qu’on arrive (par la route) et qu’on a le premier contact avec le pays… peut-être parce que le premier séjour y a été magnifique… (les suivants aussi, d’ailleurs ! mais la première impression est majeure) Peut-être tout simplement parce que la ville est belle et agréable…
        La première arrivée (en auto-stop et c’était mon premier voyage hors de France), il y a eu l’émerveillement de voir pour la première fois une ville ainsi faite avec sa ville nouvelle et sa médina, ses ruelles totalement bordées de magasins, d’échoppes et ateliers où travaillent des artisans organisés en corporations, les escaliers et passages couverts, les parfums d’épices, l’appel du muezzin, les enfants qui offrent de faire visiter la ville…
        A propos de guide, parlons-en ! Dès le premier voyage ils furent bien la seule ombre au tableau (et   le furent dans les voyages suivants même si c’était dans de moindres proportions !). Les « guides » étaient (le sont-ils encore ?) la plaie du Maroc ! Trop insistants, trop collants, parfois menaçants…
          Mais retour à Tétouan et sa merveilleuse lumière !
          Toute blanche,
          Juchée sur des collines,
          Sillonnées de ruelles fraîches
        Animée d’une foule bigarrée (et ce n’est pas une vaine image car on y voyait des costumes magnifiques –surtout portés par les femmes- dans des couleurs et formes très variées)
          Égayées par des musiciens à la peau sombre, vêtus de blanc
         Les porteurs d’eau tout de rouge vêtus avec leurs outres en peau de chèvre et leurs larges chapeaux.
          L’appel du muezzin d’une forte mais harmonieuse voix, allant de toit en toit et de par les rues
         Tous les bruits de marteaux, de machines à coudre, des tours des travailleurs du cuivre, du bois, du cuir, des couturiers, des potiers…
         Nous logions dans de très petits hôtels situés dans la médina le long de rues étroites et fraîches. C’étaient des établissements très sobres (qu’on dirait maintenant insalubres) : petite chambre avec deux lits, parfois un lavabo, sanitaires sur l’étage pour plusieurs chambres, portes et fenêtres (quand il y en avait) donnant sur l’intérieur. Mais toujours les petits patio au sol carrelés, ornés en leur centre d’un arbre ou d’une fontaine, l’accès aux toits par d’étroits escaliers d’où l’on voyait la ville et les gens et où passait la voix du muezzin.
          Lors du voyage en stop, dès le premier matin, nous avons été réveillés par de la musique. Nous sommes sortis et avons marché vers le son. Sur une place, des musiciens et des danseurs, vêtements blancs, tambourins. Pour un premier matin au Maroc, nous étions ravis ! D’autant que la musique était belle et prenante.
          C’est aussi à Tétouan que nous avons découvert la cuisine marocaine (nous ne connaissions que le couscous, d’accord c’est bon mais il y a tant d’autres choses et tant de couscous différents !). Les soupes et les grillades vendues dans la rue ont fait notre régal.
          J’espère que Tétouan a gardé tout son charme, ses petites rues blanches, ses artisans, ses musiciens, ses femmes aux grands chapeaux et aux robes rayées blanc et rouge. Je crains que les petits hôtels aient disparu… (hygiénisme quand tu nous tiens !). Mais, bien sûr, les habitants, eux, sont toujours là. Leur mode de vie a sûrement évolué et on ne peut que s’en réjouir s’il y a  moins de pauvreté, plus d’enfants à l’école ; c’est évident.
           Tétouan, ville de lumière et de sons.

L’Office du Tourisme de Tétouan :
https://www.infostourismemaroc.com/ville/tourisme-maroc-ville-Tetouan.html

UNESCO, la médina de Tétouan :
http://whc.unesco.org/fr/list/837