Arrivée à Istanbul

             Le départ de ces deux voyages pour les Indes s'est fait depuis les Hautes Alpes. Ils ont été effectués en voiture (le premier avec une AMI6, le second avec une AMI8 ; deux Citroën. Des voitures étaient alors équipée d'un moteur mécanique (pas toute l’électronique actuelle), une carrosserie légère, traction avent, bonne tenue de route, pas de pièces trop chères). Des voitures équivalentes aux 2CV qui passaient un peu partout sans être des 4X4, faciles à réparer. Elles ont fait merveille !

        Le premier voyage a commencé par le sud de la France et Gène ; le second par Briançon et le col du Montgenèvre, dans les deux cas, passage par Milan. Puis la Yougoslavie, Bulgarie et Turquie. (Pour la Bulgarie, c’était un peu particulier, on ne savait jamais s’il fallait un visa ou pas, s’il était gratuit ou payant… au retour du second voyage, à cause de ces tracasseries, nous étions passés par la Grèce.)
        La première grande ville turque est Edirne, la ville des lutteurs.
          Puis Istanbul… avec tous ses noms, toutes ses orthographes pour le dernier ! Byzance, Constantinople puis Istamboul, Istambul et enfin : Istanbul.
        Ville qui fait rêver… Sainte Sophie (Ayasofya), la Mosquée Bleue (Sultanahmet camii), Topkapi (Topkapı sarayı), le bazar (kapalı çarsi) , le Bosphore…

            L’Orient et l’Occident…
            Istanbul est tout cela, riche de son histoire, riche de sa civilisation.
            Belle malgré les embouteillages de voitures, les Klaxons ; embaumée de ses parfums d’épices et de bonne cuisine même si, là aussi, la pauvreté était encore présente.
            Mais j’ai également toujours devant les yeux l’image d’un voyageur européen, allongé sur les marches de l’escalier de je ne sais plus quel grand bâtiment, mourant d’excès de drogue… Nous lui avions parlé et voulu le conduire à un dispensaire mais il avait refusé, disant qu’il attendait des amis… Mais je doute que sa vie ait été bien longue ! Cela aussi faisait partie du voyage. Chacun le sien…

            Lors du 1ier voyage, nous avions fait faire les vaccins à Istanbul. Nous arrivons au dispensaire, la salle d'attente est pleine de monde ! Je suis terrorisée à l'idée des piqures et en plus il va y avoir beaucoup d'attente ; mais bon, tant pis. Nous nous asseyons et je panique de plus en plus (pendant des années, ça a été comme ça !). A notre grande surprise, après quelques minutes, le médecin nous appelle ; demnde, l'air inquiet, ce qui se passe et quand je lui réponds qu'on vient pour une vaccination choléra et je ne sais plus quoi, il est très étonné... Je devais paraître très très mal !
             A chaque passage en Turquie, nous nous arrêtions quelques jours à Istanbul et avons pu ainsi visiter quelques lieux. En ville, il y avait de petits hôtels très bon marché au confort réduit mais ça nous suffisait.
            Lors du premier voyage le grand pont sur le Bosphore, n'était pas ouvert, nous étions passés avec la voiture sur un ferry. En Iran, nous avions pu acheter des timbres pour l'inauguration de ce pont... que nous avons emprunté au retour.


La Mosquée Bleue

        La Mosquée Sultan Ahmet ou Mosquée Bleu, voisine de Sainte-Sophie (un jardin les sépare), est LA mosquée d’Istanbul, la plus connue, la plus célèbre.
        Elle doit son surnom non aux faïences bleues d’Iznik ornant ses murs intérieurs mais à la couleur gris-bleu de son extérieur (couleur changeante selon la lumière).
        Elle a été édifiée entre 1609 et 1615, à l’initiative du sultan Ahmet, sur les ruines d’un ancien palais. La mosquée alors construite était un ensemble comportant de nombreux bâtiments dont certains n’existent plus actuellement tels  le Bazar, les bains turcs, hôpital, cuisines, écoles, caravansérail  (c’était comme une ville dans la ville). Elle est postérieure d’un siècle à la mosquée de Soliman de Magnifique (souvent considérée étant plus belle que la Mosquée Bleue).
        Elle est la seule mosquée dotée de six minarets ; deux ont été rajoutés au quatre habituels afin qu’elle puisse être repérée de loin par les pèlerins se rendant à la Mecque (elle en était le point de départ).
        L’intérieur est très vaste, le sol recouvert de tapis, le dôme, superbe, est supporté par de gros piliers (dits « pattes d’éléphants ») entourée de quatre demi-coupoles ; elle est éclairée par de très nombreuses fenêtres (260) dont un certain nombre est fait de vitraux (comme dans une église mais là ils sont ornés de motifs floraux ou abstraits à la différence des vitraux chrétiens qui, la plupart du temps, représentent des scènes de la vie du Christ ou des Saints)
        Dans la Mosquée Bleue, se trouve un morceau de la pierre de la Kaaba.
        La visite de ces lieux pleins d’histoire et de foi est toujours émouvante.


Sainte Sophie

        Pour raconter sommairement l’histoire de Sainte Sophie, il faut commencer par un temple dédié à Apolon… et arriver à un musée…
        Dans l’antiquité, sur l’emplacement de l’actuelle église Sainte Sophie, était un temple dédié à Apolon…
        Au IVe siècle, une première basilique fut construite à la demande de l’empereur Constant in après sa conversion au christianisme, basilique consacrée à la Sagesse Divine (Haghia Sophia) ; quelques années après elle reçut le nom de Megalo Ecclesia (la Grande Eglise) puis incendiée à la suite d’émeutes au Ve sicècle…

        Dés la première décennie de ce IVe siècle, l’empereur Theodose II la fit reconstruire mais un siècle plus tard, elle fut à nouveau détruite ! suite à des émeutes qui embrasèrent Constant inople pendant plusieurs jours…
        C’est enfin, au Vie siècle, l’empereur Justinien (à la demande de son épouse) qui fit construire la Sainte Sophie que nous connaissons…(ou presque) Les meilleurs architectes, ouvriers, artisans, furent appelés ; les matériaux les plus nobles transportés de tout l’empire : Grèce, Phénicie, Egypte (prélevés sur des temples préexistants)…L’empereur  Justinien voulait une église qui pût concurrencer le temple de Salomon. Les travaux occupèrent 10 000 ouvriers, 100 maîtres maçons pendant 5 ans, 10 mois et 10 jours… ce qui est un exploit de rapidité pour cette époque. (pensant son souhait exhaussé, l’empereur fit ériger une statue de Salomon à proximité de l’église).
        Durant le Vie siècle, sa coupole, hors du commun de par sa hauteur de 56m et son diamètre de 38, a subi à plusieurs reprises les affres dus à des de séïsmes ; elle a été réparée, renforcée, le bâtiment épaissi.
        Le feuilleton continue : à l’arrivée des Ottomans, au XVe siècle, le sultan Mohamed II en fit une mosquée et en sauva les mosaïques (vouées à la destruction par les soldats lors de l’invasion de la ville) ; Sainte Sophie a été la principale mosquée d’Istanbul pendant près de 500 ans. Au fil des ans, quatre minarets lui ont été rajoutés. Elle a servi de modèle pour la construction d’autres mosquées.
        C’est au début du XXe siècle qu’elle a été restaurée et qu’elle est devenu un musée.
        Il y a à l’intérieur, un pilier noirci et lustré par des milliers de mains qui l’ont touché car on dit que si on le touche, on est guéri de tout problème de vue. Il faut bien gardé un peu de superstition dans un lieu qui a vu tant de cultes !
        Actuellement, Sainte Sophie n’est ni église ni mosquée mais musée et tente de restituer à tous la beauté créée par tant d’artistes, d’artisans, d’ouvriers ; voulue par des empereurs, détruites par des peuples en colère…
        Profitons de sa beauté et de son histoire si riche.