Sa Pa, arrivée

         Nous irons de Ha Noi à Sa Pa par le train (330 km) et de nuit. Nous avions acheté les billet train+bus et 3 nuits d’hôtel par Shin Cafe, billet 1ière classe et bonne chambre au Royal Hôtel.
          L’attente est un peu longue avant l’arrivée du taxi vers 21h. Il nous conduit à la gare avec d’autres personnes. Mais au dernier moment, sur le quai, on prend nos bagages et nous conduit à un autre wagon. Nous nous retrouvons en seconde classe…. (couchettes dures !). Nous sommes 4, avec nous, un Russe et un Australien. Notre anglais est faible et ils ne parlent pas français… Mais il y a surtout à dormir ! Distribution d’un petit pain brioché sous plastique et d’une petite bouteille d’eau minérale. Bonne nuit !
          Réveil au petit matin et je regrette tellement d’avoir voyagé de nuit ! On perd tant de beaux paysages, tant d’images ! Mais profitions de la vue du fleuve longeant la voie ferrée. La brume, l’eau rouge, les arbres, la verdure, paysage mouvant grâce au train qui roule et à la brume qui se déplace constamment.
           Arrivée à Lao Cai.
        Bus pour Sa Pa. Route une peu étroite et sinueuse qui escalade la montagne dans un paysage magnifique ! Il pleut.
          Arrivée au Royal Hôtel et là, je flippe ! Y a rien de royal ! C’est la foule ! Il faut attendre pour faire enregistrer l’arrivée, attendre avant d’avoir la chambre (qui s'avère très claire et agréable), attendre pour prendre le petit déjeuner (la salle à manger est bondée et il y a toujours des gens qui râlent parce que ce n'est pas le même p'tit déj qu'à la maison !) ; il y a du monde de partout, un bon nombre se ruent déjà sur les ordinateurs ! c’est affolant ! Mais enfin, c’est la première fois que nous nous retrouvons dans un tel tohu-bohu et nous nous promettons bien que c’est la dernière !
          Mis à part les petits inconvénients de la mauvaise organisation des arrivées à l’hôtel, le séjour à Sa Pa est merveilleux ! Les employés de l'hôtel sont très aimables.

            La ville est petite, en altitude (1630 m) et le paysage nous enchante ! Certes, il pleut souvent (sur 7 jours 1 seul de vrai soleil), il y a du brouillard et il faut porter une veste (en août) mais ce sont les montagnes vertes, les cultures en étage et la brume changeante qui font le charme de cet endroit et aussi la gentillesse des habitants ! et la bonne cuisine !

           En ce qui concerne la cuisine, il y a là, sur les marchés, une spécialité de brochettes de porc mariné grillées sur la braise, du riz gluant cuit dans des tronçons de bambou que l’on retire et les boudins de riz cuit sont passés à nouveau sur le feu puis servis avec des cacahuètes grillées et salées, c’est un régal ! Plusieurs restaurants servent une cuisine plus élaborée et délicieuse ; dans les rues de Sa Pa ça sent l’ail et la bonne cuisine provençale !
            Mais il y a une petite anecdote en ce qui concerne la cuisine !
          Pour notre premier repas de midi, nous avions fait un tour au petit marché de fruits et légumes et avions décidé de manger dans un des restaurants qui le jouxtent : de grandes tables en bois avec des assiettes de viande, légumes et autres ingrédients posés à une extrémité, sol en terre battue, des chiens qui circulent tranquillement, beaucoup de gens qui vont et viennent et mangent, et ça sent bon. Etienne s'arrête de manger avant moi et bavarde avec la marchande. Je termine mon plat avec plaisir, il n'a pas terminé le sien. Il paye et nous partons. Ce n’est qu’alors qu’il me raconte : « pendant qu’on parlait, elle se grattait le dessous des pieds avec un des couteaux de cuisine ! » Sûr qu’il n’a pas fini son plat ! Il a cru que je serais écœurée mais, rien à faire, ça m’a fait tant rire que j’en ris encore !


La ville

        Sa Pa était un village jusqu’à la fin du XIXe siècle jusqu’à ce que les militaires français s’y installent (mais en très petit nombre) puis les colons qui, souffrant de la chaleur d'Ha Noï, en appréciaient le climat tempéré. Des hôtels et un sanatorium sont bâtis. L'église a été construite en 1934.
        Avec les guerres et les évènements difficiles de la région, la petite ville s’est retrouvée isolée.
        Mais depuis quelques années, ses montagnes (la chaîne de Hoang Lien Son dont le mont Fan Si Pan culmine à 3 143 m) et ses magnifiques paysages ont attiré les trekkers et autres marcheurs. Certains anciens hôtels ont été rénovés et beaucoup d’autres ont vu le jour, modestes ou luxueux, simples ou presque baroques !
        Un lac artificiel est aménagé, promenade très plaisante ; bancs et fleurs.C'est en revenant du lac que nous avons rencontré un homme qui faisait avancer quelques cochons.
          Dans l’un des restaurants de Sa Pa que nous avons rencontré un couple de Français accompagné de deux jeunes filles d’une douzaine d’années, guides h’mongs, nous ont relaté l’histoire de l’une d’elle qui parle anglais et utilise son revenu de guide pour payer ses quelques mois d’école.... Cela prête à réflexion quant à notre situation française, par rapport à cela nous sommes réellement privilégiés. Mais c’est chez eux que ce n’est pas normal !
          Nous restons une semaine à Sa Pa pour voir le marché du samedi avec les villageois des alentours de différentes ethnies aux costumes divers, bleu sombre ou très colorés.
           C’est très agréable de voir cette sorte de folklore vivant mais je me demande si c’est vraiment leur choix ou s’ils y sont plus ou moins tenus pour rendre la ville plus attractive ?
            Les touristes ne sont pas que des étrangers, beaucoup de Vietnamiens d’Ha Noi et ailleurs y viennent pour le week-end ou petits séjours, ils apprécient la fraîcheur et les fruits qu’on y trouve.
           Il y a souvent du monde autour de l'église, petite et noircie. Nous avons cru qu'il s'agissait d'un spectacle mais en fait c'était un bonimenteur qui ventait les bienfaits d'un médicament miracle guérissant tout ! Certains jours cette place est quasiment déserte.
        Nous avons visité plusieurs villages, vu plusieurs belles cascades ; nous avons fait ces promenades accompagnés de 2 guides à moto, un couple très aimable avec qui nous avons passé 3 jours très plaisants ! Merci à eux.
            Les villages feront l'objet d'autres articles.

Des infos dans "office du tourisme de Sa Pa :
http://www.sapa-tourism.com/


Eglise Notre Dame du Rosaire

         Sur une grande place souvent très animée, une petite église noirâtre au grand clocher avec porche… Le soir où nous y sommes entrés, de nombreuses priaient à voix haute comme si elle disaient ensemble le rosaire. Des enfants circulaient tranquillement dans l’allée centrale… Une ambiance paisible dans un décor sobre et une un éclairage généreux.
        Les Missions Etrangères de Paris se sont installées à Sa Pa dès le début du XXe siècle dans le but d’évangéliser les H’mongs habitant la région. L’église a été fermée en 1920, de pierres, sable, chaux et mélasse, un intérieur sobre aux vitraux lumineux.
        Puis, abandonnée pendant de nombreuses années à causes des évènements dans le pays, elle s’est beaucoup dégradée. Elle a été restaurée à 2 reprises en 1995 puis en 2007. De noire que nous l’avons vue, elle est devenue claire et colorée.   

Série de photos sur treap Advisor :
https://www.tripadvisor.fr/ShowUserReviews-g311304-d5994398-r241085183-Holy_Rosary_Church_Or_the_Stone_Church-Sapa_Lao_Cai_Province.html



Les villages : Cat Cat

        Depuis Sa Pa, nous avons fait trois promenades avec deux guides, un couple avec chacun une mobylette + une fin de journée et soirée avec eux deux et leur petit garçon

        . Eux au moins n’hésitaient pas à passer par des endroits qui nous auraient posé problème : une cascade d’eau boueuse traversant la route, de violentes averses…. Ils étaient très sympathiques et cela permettait aussi à Etienne de se refamiliariser avec le vietnamien qu’il n’avait plus l’habitude de parler !
         Un matin nous sommes allés à Cat Cat, enfin, pas uniquement. Cat Cat est une jolie cascade mais il y a aussi de nombreux villages à l’entour, des cultures, tout ceci dans un site protégé. Ces villages sont habités par les H’mongs, une ethnie montagnarde du nord-ouest. Ils sont surtout cultivateurs et tisserands (mais certains savent bien profiter du tourisme –un peu trop et peut-être à leur détriment à mon avis- mais ils sont très pauvres et le choc des culturel (mais je croirais plutôt économique) doit être dur pour eux.
           C’était une petite promenade en distance mais une magnifique promenade en fait ! toutes ces cultures céréalières si vertes en étages sur tant de collines et de montagnes émergeant du brouillard ou y plongeant, plombées par de gros nuages ou illuminées par le soleil ! Un enchantement !

           Une route étroite et en bon état, sinueuse et pentue, au milieu des champs, des villages, des villageois, des canards et poules, des cochons (noirs ou roses), des chiens endormis ou vigilants, route où l’on peut s’arrêter souvent et dans le silence (même si parfois on s’arrête pour passer les impers à cause d’un grosse averse…)
            Dans l’un des villages, nous avons eu la visite classique d’une habitation où des H’mongs filent, teignent et tissent leurs vêtements et brodent les motifs géométriques qui leur sont propres.
         En suite, on est allés voir la cascade. A l’arrivée, il pleuvait tellement qu’on s’est arrêtés à un petit stand de boissons couvert d’une
bâche bleue, juste après un pont rouge. Là, bavardage et échange de "cours de français et vietnamien" en passant par moment par l’anglais…
          La marche vers la cascade était un peu glissante mais le chemin agréable. La cascade est jolie. Il y avait quelques promeneurs et des jeunes filles h’mongs qui insistaient pour vendre des bracelets en tissus brodés… Rencontre avec une Française, enseignante à Ha Noi.
           Il est difficile de parler de ces parcours ; c’est tellement beau mais je dis toujours la même chose ! J’espère que les photos restituent un peu de cette magie. Nous étions émerveillés par ces couleurs changeantes à cause (grâce) au changement de temps, au brouillard, aux averses. Ce climat est un peu un inconvénient mais c’est lui aussi qui participe au charme de cette région. Nous espérons y retourner un jour !


Les villages : 2

        Un matin, avec nos deux guides à mobylette, nous sommes allés voir une jolie cascade, à quelques kilomètres de Sa Pa. Il pleuvait un peu. Mais le paysage était toujours si beau ! et les nuages plus ou moins bas les modifient sans cesse… C’était la route qui descend à Lao Cai (là où se trouve la gare ferroviaire) et le matin de l’arrivée nous l’avions vue en mini bus, au petit jour, un peu ensommeillés.
        La cascade en elle-même n’a rien d’extraordinaire, elle descend un peu par paliers avec un fort débit qui blanchit l’eau ; les alentours sont boisés ; un chemin très praticable passe de chaque côté, reliés par un petit pont.
         C’est à proximité que nous avons goûté les brochettes de porc mariné et le riz gluant cuit dans le bambou (un régal) si vous allez dans cette région, il ne faut pas manquer ça !

         L’après-midi du même jour, nous sommes allés avec eux dans un village, plus loin au sud de Sa Pa. La route serpentait au milieu des cultures en étages très étalées, peu pentues et extrêmement vertes (on pourrait dire «trop vertes») comme nos champs de blé au tout début du printemps en région de montagne après un hiver bien enneigé.
        Il y avait (il y a toujours, semble-t-il) une grotte à proximité, nous y sommes allés ; des enfants proposaient d’acheter des torches… C’était amusant car la grotte était assez petite !
       Dans le village, rencontre avec quelques villageois qui vendent leur artisanat –du tissage- Espérons que ce n’est pas leur culture qui disparaîtra avec les articles vendus trop vite, faits aussi trop vite ; J’avais eu l’occasion de voir des pièces brodées par les h’mongs en 1977 environ quand ma mère, avec d’autres personnes, s’était occupée de l’accueil de réfugiés h’mongs et c’était un travail d’une très grande finesse qu’on ne trouve pas dans les objets vendus aux touristes (mais il y   a quelques belles broderie dans un magasin de Sa Pa).
          La pluie forcissant sérieusement nous oblige à partir et le retour n’a pas été des plus agréables car les gouttes d’eau, très fines, étaient comme des myriades de minuscules pointes sur le visage et faisaient mal. C’était encore plus dur pour les guides qui conduisaient, même avec une casquette à grande visière pour lui et un chapeau conique pour elle !


Les villages : 3

        Une autre promenade avec nos guides à mobylette.
        Ce matin-là, nous sommes passés par plusieurs villages et n’avons pas eu à faire aux marchands. Sauf… les enfants vendant des bâtons… de grands bambous pour bien marcher dans des chemins de pierres, paraît-il. Je n’aime pas tenir un bâton pour marcher, je trouve ça trop encombrant !

     Nous avons parcouru quelques kilomètres à mobylette depuis Sa Pa, en traversant une cascade d’eau boueuse qui traversait la route. Puis arrêt au péage et dépôt des mob. un peu plus loin. Une vue magnifique sur la vallée ! Une petite rivière argentée qui ondule au travers des champs… Quelques chemins de terre rouge apparaissant et semblant se perdre dans la verdure…. Parcours à pieds dans ce paysage de rêve ; on passe plusieurs fois sur des ponts de bois suspendus, avec portique, enjambant la rivière ; les chemins sont plus ou moins inondés.
        C’est là que nous avons vu et passé un petit pont de planches passant par-dessus les méandres du chemin inondé et où une petite fille faisait payer le passage : 100 dongs…. Nous avons traversé plusieurs hameaux dont un avait une école : nous avons croisé des étrangers, des villageois aux vêtements noirs ou bleu foncé ou chamarrés de fleurs, vert vif aussi, des chiens jaunes, des cochons noirs, des canards blancs…. Dans un café en plein air notre guide a fumé la longue pipe à eau, Etienne a goûté ; on peut utiliser ces pipes qui sont à disposition dans les cafés, on paye le tabac si on n’en a pas.

        Nous avons fait également une pose dans un petit village où nous avons mangé des sortes de paquets de feuilles contenant une pâte de soja avec des graines de céréale et cuits à la vapeur : peu sapides donc pas mauvais… collants… très chauds mais bien venus après près de 3 heures de marche.
        Notre guide a voulu nous montrer les hébergements pour les visiteurs qui passent 2 ou 3 jours dans les villages : ils sont reçus dans une maison un peu plus grande que celle des villageois mais également en bois, au rez-de-chaussée une grande pièce commune au sol de terre battue mais canapés et tables basse (on nous a gentiment offert le thé), en mezzanine le lieu pour dormir. Tout cela toujours dans un paysage splendide et tellement calme, dans le presque silence, on entend le moindre insecte, le plus petit souffle d’air.
          Remontée vers la route et nous sommes rentrés à Sa Pa. Avec ma guide nous avons du la pousser car il n’y avait plus guère d’essence et dans les côtes on calait…
          Je ne sais la quelle de ces ballades j’ai préférée, chacune m’a enchantée et l’enchantement était chaque fois différent. Tout le pays est enchanteur… Les gens sont aimables et les paysages… chacun ses mots mais pour moi ils doivent traduire l’émerveillement et la paix. Peut-être le bonheur ?



Le Royal Hotel

               J’en ai parlé un peu dans l’article « Sa Pa, arrivée ». Nous avions réservé pour 3 nuits mais en avons pris 3 de plus ! La région e st si belle ! Il faut bien une semaine pour profiter pleinement de cette charmante petite ville et de ses environs (mais il y a beaucoup de choses que nous n’avons pas vues, il faudrait aussi y retourner…)
               Nous avons vu deux aspects de cet hôtel ! A l’arrivée (dans la cohue), chambre réservée pour 3 nuits ou plus, nous avons eu une très belle chambre (en photo dans l’article Sa Pa, arrivée) : chambre d’angle, 2 portes-fenêtres, 1 fenêtre, 2 balcons, salle de bains simple avec douche sans bac, nécessaire à thé (mais ça, on le retrouve souvent en fait) ; une vue extraordinaire sur la vallée et ses cultures en étages, un restaurent à la nourriture… ‘asiatique au goût européen’ et «européenne au goût asiatique»… insipide quoi ! et pareil pour les petits déjeuners ! Clientèle surtout de groupe, « grands baroudeurs » ou familles avec enfants un peu énervés… (Mais nous avons rencontré là un couple et leur fille adoptive très sympathiques). Puis nous avons demandé à prolonger notre séjour : OK. A midi, nous revenons d’une promenade et les femmes de chambre sont là et sont étonnées car la chambre n’est pas libérée… Nous la libérons et nous retrouvons… au 1er sous-sol… (bon la ville est en pente, donc on descend par rapport à la réception mais il y a toujours une grande fenêtre qui donne sur la vallée mais ce n’est plus pareil… de l’espace mais ni charme ni confort. Pas de vue… et la ville est si belle !
En conclusion : nous retournerons, je l’espère à Sa Pa mais pas au Royal Hotel car il y a trop de monde (pourtant beaucoup semblaient l'apprécier !) D’autant, qu’en nous promenant dans la ville nous en avons vu plusieurs qui étaient presque vides et paraissaient très calmes….