De Siem Réap à Battambang par le fleuve Stung Sangker

        Pour aller de Siem Reap à Battambang, deux possibilités de transport : le bus ou le bateau. Le bus est plus rapide (moins lent) et moins cher que le bateau mais très inconfortable (nous a-t-on dit) ; le prix du billet de bateau est plus du double que celui du bus, ce n'est pas confortable non plus mais... c'est superbe ! Avancer ainsi sur un fleuve, le Stung Sangker, qui ressemble tantôt à la mer, tantôt à une petite rivière, tantôt à un lac, en ayant le visage fouetté par les branches des arbres (non, ce n'est pas un massacre !) ; voir des villages posés sur les rives, maisons juchées sur pilotis ou presque englouties par les eaux, murs et volets de toutes les couleurs ; les petites barques ou bateaux de transport de marchandises croisés ; les pêcheurs avec leurs grands filets ou balanciers aux structures si légères et mobiles, entre eau et ciel ; les paysans travaillant aux champs entre eau et terre, sous le ciel...
        Le ferry faisait de petits détours vers certains villages pour déposer ou prendre des passagers, des colis ; cela se faisait par l’approche de barques accostant le bateau qui n’allait jamais à quai… parce qu’il n’y avait pas de quais.
        Si par endroits le fleuve semblait large et profond comme une mer, par d’autres il était étroit comme un ruisseau et si peu profond qu’un homme devait se tenir à l’avant avec une perche pour sonder la profondeur de l’eau.

Quand le fleuve devient presque ruisseau...

et quand il se prend pour la mer...


Ce type de parcours devenait féerique.

Nous avions le sentiment de glisser sur la terre ferme

et regardions les remous du sillage laissé par notre passage.

        Nous avons ici encore vu tous les temps : du grand bleu aux grosses averses qui brunissent le fleuve, le léger brouillard voilant toutes formes et tout horizon. Quand la pluie était trop forte, des bâches étaient abaissées de chaque côté du ferry et ce n’était plus drôle car on ne voyait plus rien à l’extérieur… La partie abritée du bateau était alors bondée car les passagers faisant la bronzette sur le toit redescendaient bien vite ! Cela avait déjà été comique de les voir à l’arrivée, se précipitant vers les escaliers menant sur le toit, puis balançant vaillamment leurs pieds baskettés au-dessus de la tête des personnes assises sur les sièges.
        Un départ de Siem Reap à 7h30 en mini bus (où nous avons rencontré un Français s’occupant d’une association pour l’aide aux pêcheurs du lac Tonle Sap - voir "Osmose" dans la rubrique "divers"), un peu d’attente à l’embarcadère de Chong Kneas avec ses nombreux marchands de bananes et petites choses à grignoter, un merveilleux parcours fluvial, un arrêt repas de 20 mn,.. 7 heures s’étaient écoulées quand nous sommes arrivés à Battanmbang, fatigués mais ravis par ce curieux parcours qui nous a fait traverser autant la vie quotidienne cambodgienne que les paysages. Traverser, seulement.

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Battambang

            Au débarcadère, des minibus, tuk tuk, moto dop, autos, les diverses sortes de taxis cambodgiens attendaient les passagers à la descente du bateau… Un minibus allait au Royal Hotel (où une chambre avait été réservée avant notre départ de Siem Reap). Pendant le trajet, je suis étonnée par les ronds-points : ils sont tous dotés de statues de bouddhas, autres dieux, animaux ou personnages non religieux.
        La rue où se trouve l’hôtel est large et non goudronnée, ornée de grandes flaques d’eau. Déception à l’arrivée, c’est un gros immeuble de 5 étages, sans grâce… A la réception, on ne trouve pas trace d’une quelconque réservation à notre nom mais bon… quasiment toutes les chambres sont libres, les portes sont ouvertes. Il n’y a qu’à choisir celle qui convient. Ici aussi les prix sont raisonnables (10-15 dollars). Nous en choisissons une avec climatisation, grand lit, réfrigérateur, tv, ; la salle de bain est correcte mais toujours avec les bizarreries d'électricité ou de plomberie courantes au Cambodge (pourtant, nous n’avons jamais entendu parler de quelconques accident ni incident à ce sujet). Les bois du lit sont très travaillés, chargés, dans le style d’Asie du Sud-Est mais les peintures défraîchies, le réfrigérateur vieillot. Pourtant… quelques branches d’orchidée sont accrochées au mur et des fleurs posées sur le revers du drap de lit…
            Nous découvrirons le lendemain matin le restaurant en terrasse sur le  toit avec sa large vue sur la ville.

            Battambang est une ville tranquille au charme indéfinissable. Capitale de la province du même nom, elle est la deuxième ville du Cambodge avec ses 200 000 habitants, ses industries de production et traitement de phosphates. Pourtant, nous sommes au milieu d’une région agricole, grande productrice de riz, cacao, noix de coco, noix d’arec, bananes, fruits de la passion, raisins (si, si, de grosses grappes à gros grains) et tant d’autres ! On dit de Battambang que c’est le jardin (ou le grenier) du Cambodge
            Cette province agricole a longtemps été occupée par la colonisation française dont on peut voir les traces qui ne sont pas seulement les plus ou moins belles maisons coloniales : si, de partout en Asie, on peut trouver du pain et quelques gâteaux français, à Battambang, c’est toute la boulangerie qu’on retrouve (madeleines, quatre quarts, pain de mie, brioche etc) et c’est un régal !
        Plusieurs marchés feront également nos délices gustatifs et visuels avec leurs soupes et desserts, également avec la profusion de marchandises, fruits et légumes de toutes sortes, nombreuses préparation de viandes et poissons, séchés, fumés. Dans la rue, on vendait des insectes grillés, cuisinés…
        Il paraît que le musée de la ville est très intéressant mais… nous sommes restés cinq jours ici et ne l’avons jamais vu ouvert ! (pourtant, nous avons essayé de varier nos horaires de passage).

        En ville il y a peu de tuk tuk. Pour les balades, on nous proposait soit des voitures, soit des motos mais comme elles ne parcourraient que les proches environs, nous préférions le tuk tuk qui est si plaisant ! L’Office du Tourisme, qui n’a pas beaucoup d’informations et quasiment pas de documentations, en revanche propose un service de promenade pour une journée ou plus, ou demie journée, en tuk tuk ; C’est ce que nous avons choisi. Cet Office du Tourisme offre à la vente des produits artisanaux… Les personnes y travaillant sont particulièrement aimables (elle nous ont même fait partager les pâtisseries de leur pause d’après-midi)..
        Nous sommes au pays de l’eau et Battambang ne déroge pas à la règle : s’il n’y a pas le Tonle Sap ou le Me Kong, on trouvera bien une autre rivière ou un autre fleuve ! Ici, c’est le Sangker. On peut marcher le long de ses rives ; c’est toujours un type de promenade pleine de charme.

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Les marchés

        A Battambang, comme dans toutes les grandes villes, il y a plusieurs marchés. On n’en a visité que deux ici : le premier, proche de l’hôtel,  l’autre un peu plus haut et beaucoup plus grand.


        On y trouve toujours la même profusion : tant de fruits et de légumes, la viande, les poissons, les nombreux desserts, les multiples petites cuisines, tous les objets de la vie quotidienne, pour la maison, le ménage, l’alimentation, l’habillement, la coiffure, quincaillerie, droguerie, bijouterie, change. Je crois qu’ici les tailleurs étaient particulièrement nombreux. Les tenues présentées étaient à mon goût importables (trop de fanfreluches, trop "robes de cocktails"),  jolies pour des poupées barby… Mais il y avait également des tenus plus simples et élégantes, en soie : jupe unie de couleur vive ou sombre et chemisier blanc (souvent utilisées pour se rendre à la pagode, nous a-t-on dit). A côté de cela, on trouvaient de superbes tissus de soie, coton ou mélange avec des imprimés particuliers au Cambodge, tissus vendus au mètre, en coupon ou déjà ourlés car ils sont les jupes des femmes (ils sont souvent utilisés comme nappe) ; d’autres, à petits carreaux et en coton plus léger, sont en principe portés par les hommes mais également par les femmes et servent à tout (coiffure, sac, foulard, jupe ou autre).

        A Battambang, on trouve aussi du raisin (cher et pas très bon avec leur peau épaisse et leurs gros pépins) mais on en a acheté une grappe pour "l’exotisme" et pour goûter. Une très grande variété de légumes aussi. Les marchands étaient un peu surpris que nous nous y intéressions mais cela est passionnant ! Quand on aime cuisiner, la curiosité est toujours là, devant des légumes inconnus ou qu’on reconnaît avec plaisir ; les voir à profusion ici, alors qu’en France ils sont parfois difficiles à trouver, chers et pas forcément bons...
        Certes, les boucheries et poissonneries se trouvant à l’intérieur pouvaient surprendre de prime abord par leurs étals montrant directement la viande, les poissons et coquillages. Pourtant tout semble bien frais et sent bon (les poissons ont les yeux moins ternes que ceux vus chez nous en supermarché et exhibés sur de la glace !).
        Les marchés sont des lieux privilégiés de vie ! C’est important d’entendre le bruit des marchés car il est surtout fait des voix des gens qui y travaillent et qui y font leurs achats, s'y promènent, rencontrent leurs familles, amis, relations ; si chaque marché a ses couleurs, on peut dire qu’il a également son  bruit. Bien sûr, les odeurs sont omniprésentes, que ce soient celles des épices, des fleurs, des parfums mais aussi celles du carburant, des moteurs, des huiles, du cuir, du sol humide.
        Il faut toujours prendre ne serait-ce qu’une demie journée pour visiter un marché ! Pour y faire quelques achats, pour manger, écouter, regarder. Partager.

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La pagode Vat Damreï Sâ

        Nous n’avons pas vraiment visité la pagode Vat Damreï Sâ de Battambang ; en effet, nous nous y sommes trouvés un jour de grosse averse alors qui nous quittions un petit restaurant pour nous rendre au musée de Battambang (que nous avons toujours trouvé fermé...). Nous aurions pu aller nous y mettre à l’abri, me direz-vous ? mais non ! Ce jour-là, plusieurs personnes s’affairaient (malgré la pluie) à l'extérieur et à l’intérieur de la pagode, auprès des divers ensembles édifiés à ses abords, comme pour tout remettre à neuf. Peut-être y avait-il une fête ou une cérémonie à venir sous peu ? Les diverses scènes représentées correspondent à des étapes de la vie du prince Siddharta (surtout quand il est sorti et qu'il a découvert la pauvreté, la maladie, la mort, la solitude que vivent les humains).


        Cette jolie pagode a été construite au début du XXe siècle. Les matériaux des murs sont de la chaux et de la résine. (Désolée, je ne trouve pas d'infos sur cette pagode ; difficile d'ailleurs de trouver de la documentation sur Battambang qui sont pourtant une ville et une province très attrayantes. Si un visiteur ou une visiteuse peut m'aider... Merci d'avance !).



Maison ancienne

        La visite d'une ancienne maison cambodgienne nous a été proposée à l'office du tourisme et nous y sommes allés. La propriétaire, institutrice retraitée, nous raconte l'histoire de sa maison et de sa famille (elle en est la seule survivante suite aux massacres perpétrés par les Khmers Rouges dans cette maison qui fut réquisitionnée et servait de cantine...). Elle nous en raconte la construction de bois aux murs recouverts de torchis (qui fait isolation), les toits, sols et fenêtres favorisant la ventilation, le mobilier, la cuisine... Ce fut un bien agréable moment en compagnie de cette femme si aimable.

 

Divers styles de maisons cambodgiennes :

https://maison-monde.com/maisons-traditionnelles-cambodge/

 

L'habitat cambodgien :

http://www.6climats6habitats.com/cambodge.htm

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(les 3 dernières photos sont celles d'une maison voisine)


Lori, Train de bois, bamboo train

        C'est au cours de notre séjour à Battambang que nous avons pu faire un tour avec le lori. On en avait entendu parler en mai quand nous sommes arrivés à la "gare" du Lori, nous ne savions pas trop ce que nous allions trouver.
        Et bien voilà, il faut bien faire preuve d’imagination quand vous vivez dans un pays où personne n’agit pour réhabiliter le réseau ferroviaire bien qu’il y ait des voies ferrées (même si elles sont herbeuses et peut-être dangereuses pour des trains roulant très vite) ou que, dans des temps plus anciens, le nombre de trains circulant était faible et laissait donc souvent la voie libre (au sens littéral)…
        C’est ce qu’on fait et continuent de faire les Cambodgiens. Pas compliqué (mais il fallait y penser !) : des roues de train, un plateau en bambou, un moteur et (non, pas vogue la galère) mais roule petit train ! Si maintenant il transporte surtout des touriste, il a longtemps transporté des animaux et des marchandises (ne sommes-nous pas un peu des marchandises dans le sens de "ce qui est rentable par le commerce"… ???).. Les personnes se tenaient le long de la voie ferrée et le lori les prenaient au vol en passant, idem pour descendre...

        Sûr, on est un peu surpris de ne voir en arrivant qu’un abri, quelques chaises et une table, des gens qui discutent. D’autres s’affairent au montage du "train". Les hommes qui le font semblent s’en amuser (mais c’est aussi leur gagne-pain). Des coussins et une natte sont aimablement fournis pour nos petites (ou pas) fesses et go ! On part à font de train (c’est le cas de le dire !) dans un fracas d’enfer ! Si l’on aime les manèges, là, on se régale ! l’air dans le visage, le soleil de plomb, des ponts de bois improbables et la verdure. Tout autour. Même sur la voie. On croise des gens : paysan avec sa vache, porteur de divers colis, enfants Le bruit et le vent aidant on a l’impression d’avancer à grande vitesse mais on roule à environ 30km/h… avec d’agréables sensations. Après environ une demie heure à ce rythme, terminus. (mais ce n’est pas un vrai terminus, simplement la promenade s’arrête là, la voie continue). On descend. Les deux hommes qui dirigent le lori également et, pendant que nous prenons une boisson fraîche à proximité, ils mettent le lori dans l’autre sens pour le retour…
         Ils nous rejoignent et nous passons un moment à bavarder avec eux et les personnes se trouvant là en buvant de l’eau de coco ou des boissons gazeuses locales ou pas (on trouve ici du Red Bull…l’intox est universelle !). Le "caféz est sommaire : quelques tables et chaises, un congélateur, des étagères, une toiture soutenue par quatre poteaux, le tout directement sur la terre. Des instants si agréables, hors du temps.
          Nous prenons le chemin du retour toujours dans le fracas et la verdure.
          Un tour avec le lorry est vraiment à faire !
         Nous avons eu l’occasion de bavarder avec des femmes âgées (qui faisaient visiter leurs belles et anciennes maisons sur pilotis), il était étonnant de voir leur émotion quand elles parlaient du lori !
          Ce train est très aimé par ses usagers, d’hier et d’aujourd’hui.

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Pagode et mémorial : Wat Samrong Knong

        C'est au cours d'une journée de promenade aux environs de Battambang que nous nous sommes arrêtés avec le tuk tuk devant ce grand ensemble un peu déroutant de prime abord avec son mur de clôture bas paré de multiples templions ou stupas multicolores... Le temple principal était plus classique mais représentative des pagodes en bois reconstruites en dur, le tout dans un beau parc boisé et fleuri. Nous ne nous y arrêtons pas maintenant, le conducteur du tuk tuk continue sa marche pour nous montrer une sorte de tour solitaire et envahie par herbe et arbustes, une très belle tour angkorienne assez bien conservée malgré l'attaque des végétaux. On en perçoit encore l'élégance malgré la végétation envahissante et l'érosion....
       Nous continuons d'avancer et, à quelques distances, nous apercevons comme un petit temple contemporain en travaux. Une partie est vitrée. Sans trop savoir, je prends une photo avant d'y arriver.
        Ce n'est pas un temple. C'est un mémorial. Un mémorial aux victimes des Khmers Rouges... Et c'est très impressionnant ! Une frise couvre les quatre côtés de l'esplanade supportant l'édifice ; elle représente les supplices infligés aux Cambodgiens par les Khmers Rouges. La partie supérieure est vitrée et laisse voir les ossements et les crânes portant les traces des tortures. C'est absolument horrible. Mais il y a aussi les couleurs blanc et or des temples. Un couple de Cambodgiens d'un certain âge est là aussi. Ils parlent entre eux tantôt avec sérieux, tantôt en riant. Ils nous disent "c'est comme Hitler". Et oui... Malheureusement, l'ignominie (comme les autres travers et qualités des humains) est universelle.

        Nous repartons dans une autre direction du parc en passant devant une marre recouverte de lentilles d'eau d'un très beau vert lumineux. Je panse au "dormeur du val"...                        
          Des enfants jouent.
        Une maisonnette est abritée par quelques arbres. L'endroit est paisible. Nous en approchons et là, le conducteur du tuk tuk nous explique que ceci est une ancienne chambre à gaz...
        J'avais connaissance de l'existence de ce lieu (ainsi que d'autres lieux de mémoire au Cambodge) mais ne souhaitais pas visiter ce type d'endroit (nous ne sommes pas allés au S21 à Phnom Penh). Là, je m'y suis trouvée par hasard et c'est très dur.
          Bon, la pagode est comme toutes les pagodes, les fleurs comme toutes les fleurs, l'horreur comme toutes les horreurs. Je souhaite partir rapidement. Pourquoi se repaître de la douleur du passé puisqu'elles reviennent toujours dans l'histoire ? A quoi bon aller dans une pagode ou autre temple ? S'il y avait un dieu, il n'y aurait pas toute cette souffrance (et ne me parlez pas de libre-arbitre car là, ce serait à désespérer de l'humanité !).

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Pagode et vestiges angkoriens

(Pour ce lieu, je n'ai pas retrouver le nom, si quelqu'un passant ici le connaît, merci de me le dire)

        Nous avons suivi une petite route de terre rouge très ombragée en traversant des villages, en contournant des vaches au repos et répondant aux saluts des enfants.
        Le tuk tuk s'est arrêté à l’extérieur d’un village ; il se gare au pied d’un arbre. L’endroit est très boisé, frai. Des vaches paissent à l’entour. Des gens vaquent à leurs occupations et des enfants jouent un peu plus loin.
        A quelques distances de là, se trouvent des vestiges et des ruines comme celles des temps d’Angkor. Une tour à ouverture au toit est entière et debout. A proximité, des blocs de roche taillée ou non, des linteaux sculptés dont certains ont été peints en bleu et jaune (par les moines de la pagode voisine nous dit le conducteur du tuk tuk). L’ensemble est émouvant par ses blocs empilés ou en vrac, ses portiques penchés, ses couleurs anachroniques.
        Un homme d’un certain âge vient vers nous. Il parle français et nous dit son bonheur de pouvoir parler un peu cette langue qu’il oublie petit à petit faute d’avoir l’occasion de l’utiliser. Il a travaillé avec des Français pendant tout une partie de sa vie. Mais pendant la période Khmers Rouges, il était interdit de parler une autre langue que le cambodgien.. Son émotion nous touche. Nous passons ainsi un moment à bavarder avec lui.

         Puis, en route vers la pagode à proximité. A sa droite, un immense Bamiyan, une représentation de Bouddha et un stupa. En tout cas, les arbres eux, vu la taille du plus grand, doivent être très vieux.
          On retrouve ici, comme en de nombreux endroits au Cambodge, le contraste et la fusion entre l’ancien et le contemporain : des vestiges que l’on peint, une pagode qui semble récente précédée de portiques anciens. Le cahot des pierres taillées, des linteaux sculptés, des murs éboulés, des portiques en équilibre incertain montrent mieux que tout discours l’évolution et les révolutions des civilisations, mais tout cela dans la beauté.

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La campagne

        La campagne autour de Battambang est belle et variée. Nous avons suivi des routes de terre rouge au milieu des rizières et de plantations de divers légumes, en bord de petits lacs où des hommes pêchaient, vers des vergers aux multiples variétés d’arbres : goyaviers, palmiers, cocotiers, pommes-cannelle, bananiers etc…

        Dans les vergers (mais aussi sur certains arbres aux abords des maisons) les fruits étaient enveloppés dans des morceaux de feuilles de plastique transparent et parfois coloré. L’effet peut être étonnant !
        C’est pendant un arrêt dans la campagne que nous avons pu goûter quelque chose de délicieux : des tronçons de bambou grillaient sur des braises ; ça sentait bon. Nous en avons acheté. On casse le bambou pour l’ouvrir et dedans, du riz gluant cuit avec des haricots noirs, du lait de coco et des épices se déguste tel quel. Un vrai régal, à tester absolument ! (à Sa Pa, au Viet Nam, on prépare aussi du riz gluant cuit dans des tronçons de bambou mais c’est un plat salé ; une fois sorti de son enveloppe de bambou, le riz est passé à nouveau sur la braise pour dorer un peu et servi avec des cacahouètes grillées et du sel).
        Lors des promenades en tuk tuk, on a tout loisir de voir la campagne, d’y faire des pauses dans un village, au bord de la route, près d’une pagode. La campagne cambodgienne a quelque chose de très doux. Autour de Battambang, elle est particulièrement variée. Peut-être parce qu’elle est plate et cultivée ? Parce qu’on aperçoit parfois une colline dans le lointain ? Grâce au vert si chaleureux des rizières ? Parce qu’elle est toujours plus ou moins boisée ? Tout simplement par le sourire des gens qu’on y croise ? Il y a sûrement un peu de tout cela plus tout ce que j’ignore et n’ai pas vu…
        La campagne belle et vivante. Les villageois se déplacent beaucoup à moto mais aussi un peu en voiture. Les paysans utilisent aussi les chars à bœufs tirant des charrettes chargées de diverses denrées accompagnés d'adultes et d’enfants, un chien courant à côté. Le vélo est le moyen de transport des enfants pour aller à l’école. Nombreux déplacements se font également par le lori (le train de bois ou bamboo train).

       L’agriculture est variée même si le riz est largement dominant. On trouve les cultures maraîchères, fruitières, fourragères. Les vergers sont nombreux. Les palmiers à sucre, à l’allure si particulière, sont omniprésents et participent au charme des paysages cambodgiens. Il semble y avoir peu d’élevage même si l’on peut voir à proximité des fermes et de nombreuses autres maisons, des poules, de vaches, des canards, des porcs.


         Les travaux des champs sont très peu mécanisés.

         Les moindres lacs, mares d’eau sont l’occasion de pêcher (les eaux semblent poissonneuses car on peut voir souvent les gens en tirer divers poissons).


         Les moindres lacs, mares d’eau sont l’occasion de pêcher (les eaux semblent poissonneuses car on peut voir souvent les gens en tirer divers poissons).

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Les vergers

        Drôle de sortie celle qui nous a menés dans les vergers... En effet, nous avions acheté à l'Office du Tourisme une demie journée en tuk tuk pour visiter une fabrique artisanale d'objets et son magasin, d'anciennes maisons sur pilotis et un verger.


        C'était le même conducteur de tuk tuk que celui de la vaille, tout-à-fait aimable. Les visites se sont bien passées mais, après les maisons sur pilotis, il refusait d'aller voir un verger « parce qu'il n'avait plus de carburant » et autre motif. Nous ne comprenions pas bien sa gène mais lui avons suggéré d'aller s'expliquer à l'Office du Tourisme puisqu'il travaillait avec. Mais nous avons croisé en chemin une des femmes qui faisaient visiter sa maison, elle parlait très bien français. Elle confirme ce que nous avions compris. Finalement, le conducteur du tuk tuk rachète du carburant et nous conduit vers les vergers...


          Et c'est là que nous avons compris le problème : la route est pourrie ! en grosse voiture, les trous et ornières ne sont pas gênants et à moto ont peut zigzaguer entre les trous... mais en tuk tuk, c'est plus dur ! Il ne nous avait pas dit cela et l'Office du Tourisme ne devrait pas prévoir de tels parcours car le tuk tuk risque d'être endommagé... On comprenait pourquoi le conducteur, habituellement aimable, faisait la tête et en étions désolés. Mais au point où nous en étions, faire demi tour n'aurait pas été mieux.
 

         Toujours est-il que, lorsque nous avons pris les chemins de terre menant vers les fermes, le sol était bien meilleurs ! La terre se creuse certes mais est plus facile à aplanir qu'une "fausse belle route" mal empierrée ou bitumée.
 

         Nous baignions dans la verdure ! Des arbres de toutes sortes, des fleurs, des odeurs. Souvent, ici aussi, des vaches semblaient faire leur vie seules (mais à proximité des fermes...). Nous arrivons devant des maisons. Le tuk tuk se gare et nous allons ensemble à pieds par un petit chemin vers les vergers. Il a repris le sourire. C'est un enchantement. Ici, tout est à profusion, verdure et humidité ! S'il y a de grands arbres, la plupart plantés dans le verger sont jeunes et petits mais commencent à produire des fruits, goyaves surtout. Nous voyons là (comme nous l'avions déjà vu sur d'autres arbres dans la région) des fruits enveloppés dans du plastique, généralement translucide ; leur croissance et leur maturation sont ainsi accélérées (les envelopper un à un cela doit prendre pas mal de temps !) L'essentiel de la production est, en plus des goyaves, des pommes-cannelles, des noix de coco, des bananes, des papayes, des sortes de poires.
 

         Mais le mois d'août n'est pas la meilleure saison pour les fruits et le fleurs...


        Nous quittons les vergers et reprenons la route. Nous faisons une halte pour manger quelques fruits et gâteaux que l'Office du Tourisme remet au conducteur de tuk tuk pour les visiteurs. Un moment passé ensemble à tenter de bavarder. S'il n'est pas toujours aisé d'échanger des mots, partager de la nourriture est plus simple ! et vrai sûrement…

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Le Royal Hotel

        C’est dans cet hôtel de prime abord un peu rébarbatif que nous avons passé notre séjour à Battambang. Nous avons été un peu déçus en y arrivant car nous n’aimons pas les gros bâtiments à plusieurs étages et longs couloirs.
        Mais l’accueil a été aimable (même si on ignorait notre réservation). Pour choisir une chambre (qu’on croyait donc réservée…), une personne nous a accompagnés par les larges escaliers et couloirs, toutes les portes des chambres libres étaient ouvertes (et c’était la grande majorité) ; un coup d’œil, on demande le prix, on en voit une autre et on trouve celle qui convient…
        Nous avons opté pour une chambre au 3ième étage : grand lit, frigo vieillot mais qui fonctionnait, tv, climatisation efficace, salle de bain comme toutes les salles de bains d’hôtel que nous avons vues au Cambodge : lavabo trop haut, brosses à dents et savonnettes dans leurs petits sachets, wc avec douchette, douche au mur avec son petit chauffe-eau à réservoir à côté des wc et… quelques fils électriques bizarres. Mais il n’y a pas de problème. Les bois du lit étaient impressionnants ! volumineux avec fleurs et arabesques tarabiscotées. Des fleurs d’orchidée étaient posées sur le revers du drap ; d’autres accrochées à l’un des murs.

        La vue depuis la fenêtre donnant sur des toits ou presque au niveau de certains bâtiments de l’autre côté de la rue n’était pas particulièrement attrayante et peu accessible car derrière la tête de lit….
        Nous avons pris des petits déjeuners et quelques repas du soir au restaurant du Royal Hotel : il est sur la terrasse. D’ici, la vue est superbe ! tous les toits de la ville, la campagne à proximité, une colline au loin (la moindre colline se remarque dans un pays d’immenses plaines !). La cuisine est bonne, les petits déjeuners corrects (un peu trop édulcorés à notre goût).
         Accès internet : trop lent. Malheureusement, cela semblait assez général au Cambodge. Encore un peu de temps pour du vrai haut débit.
        Possibilité d’excursions plus ou moins loin dans la région proposée par l’hôtel mais nous n’en avons pas profité car c’était seulement à moto ou en voiture et nous tenions au tuk tuk…
         Lors de notre départ pour Phnom Penh nous avons eu l’agréable surprise de recevoir en cadeau deux écharpes. Merci encore. Je les porte souvent.