Le Maroc à moto par l'Espagne

        C’était une petite moto : une 125 Honda rouge et chromée. Notre première moto. Une bonne révision avant le départ et en route. Au printemps.
         Un petit arrêt à Pampelune et quasiment la même route qu’au premier voyage. Cette fois-ci, pas de séjour en Espagne car nous partions après une saison d’hiver à Pra-Loup (Alpes de Haute-Provence) et y retournions pour celle d’été, mi-juin.

L’Espagne
        A l’aller, la traversée pour Ceuta a été selon mon rêve : la mer bien démontée, tangage et roulis ! Un vrai régal ! Mieux que les montagnes russes ou le grand 8 ! Malheureusement, la majorité des passagers était coincée dans ses sièges et beaucoup vomissaient… c’était la seule ombre au tableau ! Impressionnant de voir l’avant (puis l’arrière) du ferry plonger dans la mer dans une gerbe d’écume et les vagues arriver en force. J’étais excitée comme une puce et courrais d’un côté et de l’autre pour ne rien perdre du spectacle : le vent, la plus, les vagues et les mouvements en tous sens du bateau !
        Heureusement, quand il a fallu reprendre la route à Ceuta, le temps était redevenu plus clément.
        Mais c’est pendant le retour vers la France, direction Anglet, que nous avons eu un gros problème avec la moto (la moto n’était en fait pas en cause : nous voulions rentrer rapidement et rouler donc plus longtemps ; les amphétamines étant alors en vente libre en Espagne, nous en avons pris mais… pas la moto. Elle n’a pas aimé et a coulé une bielle… Donc, la moto, nous et le chiot que nous ramenions, dans le train et des frais en perspective à l’arrivée…).
          Nous avions de la compagnie : Ksabi un chiot qu'on nous avait donné au Maroc, pendant notre séjour prés de Goulimine. Je raconterai cela après.. Elle nous a amené la sympathie de beaucoup de gens à ce moment-là.Tout particulièrement lors d’un arrêt dans le sud du pays je crois… C’était la sortie d’une école primaire ! et là… tous les enfants voulaient voir ce chiot qui voyageait à moto. Ca a été un moment très drôle et sympathique. A d’autres arrêts, des gens lui apportaient à boire, nous questionnaient sur ce parcours. Il perito ! il perito !
         Le parcours à moto était bien agréable malgré parfois quelques averses. Rien à voir avec la route en voiture ou camion ! Même si ce n'était pas une grosse cylindrée (c'était une 125...) on se sent plus vivant à l'air que dans une carrosserie (même avec les vitres ouvertes !).

Le Maroc à moto

          Un séjour à Tétouan, à nouveau dans la médina. En hiver ou printemps, la ville et la région sont agréables. Encore des promenades dans les ruelles. Elles semblent toujours différentes, toujours nouvelles. C’est peut-être ça l’intemporalité ?
          La moto nous permettait toute liberté dans nos itinéraires. Aussi, nous avons choisi de prendre une route de montagne qui passait par Ketama (haut lieu de la production de kif). Route grimpant dans un superbe paysage ! En de tels endroits, on peut se croire seul au monde ; on est toujours surpris, lors d’un arrêt, d’être interpelé par une personne sortie de nulle part (comme cela arrive souvent dans les déserts ou zones plus ou moins désertiques) mais ici, la montagne est habitée par de nombreux producteurs de kif, le terrain semble y être propice.
           Nous continuons vers Boulaouan (et son délicieux vin rosé). Il y a au Maroc une belle production de vins très agréables. De grandes régions plantées de vignes.
            Puis arrivée à Marrakech. Nous ne sommes pas déçus ! La vieille ville est belle. La place Djema El Fna très animée. Nous séjournerons à ses proches abords dans un petit hôtel. Une excellente cuisine avec les keftas de toutes sortes.
             La route vers Agadir passe par le superbe col du Tizi N' Test. avec sa terre rouge. Nous avons eu la chance de voir là une immense mer de nuages ! C’est d’une beauté saisissante mais à la descente, ça l’est moins car on ne voit plus rien, noyé dans le brouillard !
            Juste une pause à Agadir et une pensée pour les victimes du tremblement de terre des années 50 (j’étais très petite mais j’aurai toute ma vie devant les yeux une photo vue alors dans une revue : la terre fendue et des maisons qui semblaient basculer). La ville nouvelle paraît bien touristique.
              Et enfin, la route qui descend vers le sud…vers le désert de sable.
             C’est au cours d’un arrêt dans un village le long de cette route que nous avons eu l’occasion de bavarder avec un homme âgé qui nous a parlé de l’époque pendant laquelle il a combattu auprès de l’armée française. Il était fier d’avoir participé à deux guerres de libération mais nous nous demandions s’il avait la reconnaissance de notre Etat… (je n’ai su que plus tard que tel n’était pas le cas ; voir le film « indigènes »).
            Goulimine… Aussi rouge que Tétouan est blanche… Aux portes du  désert. Nous y sommes restés quelques jours car nous cherchions à loger plus à l’extérieur. Nous avons décidé de prendre la route vers Tant Tan mais de suivre le premier chemin à droite… Pourquoi ? comme ça.
            C’est ainsi que nous sommes arrivés à Ksabi, petit village perdu entre désert et océan. Nous sommes entrés dans l’unique épicerie et avons demandé si quelqu’un louait une chambre. Surprise du marchand et des gens. Mais on nous conduit chez un homme qui doit pouvoir louer quelque chose. Et en effet : il est propriétaire d’une ferme avec jardin à la périphérie du village. Il accepte de nous y louer 2 pièces pour un mois. Notre séjour sera sublime et il nous offre une caisse de tomates !
            Le “jardin”, composé essentiellement d’oliviers, quelques légumes, habité par quelques ânes gris était entretenu par un homme jeune. Dans son enceinte se trouvait un puis à l’eau potable et un bassin comme réserve d’eau pour l’arrosage.
           Les enfants du village nous rendaient des visites et tentaient de nous apprendre un peu de marocain et nous les aidions pour le français. Un jour, ils nous ont apporté… un chiot ! Je reviendrai sur son histoire.
           Pendant ce mois à Ksabi, nous faisions des balades dont une visite à Tan Tan et des tours, juste pour le plaisir, sur des pistes du pré-Sahara.
             Sublime sud marocain !