La première arrivée en Inde…. 

    Cela a été un moment magnifique ! L’impression de rentrer à la maison. Je ne sais pas pourquoi. Un sentiment de plénitude et de paix. Je ne crois qu‘il y ait d‘ancêtres indien dans ma famille mais le fait était là..
        Sur un plan plus concret, le passage des frontières était chaque fois tout une histoire ! Il fallait s’armer de patience car, ce n’était pas la longueur des formalités en elles-même, mais le fait que le temps semblait différent. 3h au moins à aller et venir, à montrer ses papiers, à palabrer avec les douaniers au autres personnes qui étaient là, avec d’autres voyageurs aussi. La première fois, ça surprend mais en suite, et surtout après 3 mois en Inde, c’est normal…
         Il m’est arrivé d’avoir « des mots » avec un douanier mais il arrivait aussi qu’en suite on prenne le thé ensemble. L’un d’eux m’avait même offert une rose qu’il était allé cueillir sur un rosier d’une haie toute proche.
        Après les formalités lors du premier voyage, on nous a demandé si nous pouvions déposer à Amritsar un douanier qui avait fini sa journée et rentrait chez lui. Nous avons accepté. C’est lui qui nous avait indiqué le chemin pour aller au Temple d’Or… Dans cette partie du Punjab, les Sikhs sont nombreux. Le Temple d’Or est leur temple le plus important. (je reviendrai plus tard sur le Temple d’Or, temple très sacré et sûrement un des plus beaux et des plus impressionnants que j’aie vus en Inde).
        Nous avons découvert sur ce parcours, entre la frontière et Amritsar, les routes indiennes. Elles ont quelque chose de particulier : la partie centrale est goudronnée, plus ou moins large (2 véhicules s’y croisent plus ou moins facilement), de chaque côté, un chemin de terre emprunté par les piétons et les chars à bœufs. Elles sont souvent bordées d’arbres noueux habités par des vautours qui débarrassent la nature des bêtes mortes. Il n’était pas rare d’en voir une troupe affairée à dépecer des cadavres.. Toutes sortes de scènes de la vie quotidienne peuvent être ainsi vues, juste en passant. J’y reviendrai aussi.
        En Inde comme au Pakistan, ce que nous mangions tous les jours, étaient les currys, très forts, accompagnés de chapatis (sortes de crêpes non sucrées avec les quelles on peut manger viande ou légumes). Je ne m’en suis jamais lassée. Nous prenions nos repas dans de très petits restaurants, en bord de route (là où mangeaient souvent les chauffeurs des camions). C’était très bon marcher et délicieux !
        Notre première halte sera donc Amritsar.

       Lors du premier voyage, la première arrivée en Inde, nous sommes arrivés à Amritsar dans la matinée.
        Amritsar est une grande ville aux mille ruelles, de nombreuses boutiques. La ville est réputée pour ses « orgues indiens » qu’ailleurs on appelle « banjo pakistanais » et que nous appelons guide-chants. Quelques Indiens nous ont dit que les meilleurs de ces instruments de musique étaient fabriquées en… Allemagne. Nous en avons acheté un car c’est intéressant comme instrument d’accompagnement. Le son a quelque chose d’un peu désuet mais très plaisant.
        Amritsar est une ville d’environ 3 millions d’habitants. Son nom signifie à peu près « Lac de Nectar ». C’est au XVIe siècle qu’on a commencé de creusé le lac dans ce qui était alors un simple village… C’est en 1601 que le Temple est terminé puis le livre sacré y est déposé. Amritsar est devenu une ville prospère du Punjab. Mais elle fut aussi au début du XX e siècle, le théâtre de massacre d’Indiens par les Anglais. Et il y a eu en suite, malheureusement, d’autres massacres en 1984, à l’initiative d’Indira Gandhi qui fit donner l’assaut au Temple… (cela faisait suite à des positions politiques des Sikhs qui étaient en contradiction, et ce depuis longtemps, avec celles du gouvernement indien).
        Les hommes sikhs sont reconnaissables à leur turban enfermant leurs cheveux qu’ils ne doivent pas couper, leur barbe non plu qui est alors retenue dans un filet. Ils portent un bracelet de lourd étal, très simple. Les jeunes garçons ne portent pas le turban mais leurs cheveux sont attachés en un petit chignon serré, au sommet du crâne, enveloppé d’un tissus blanc bordé de rouge retenu par un lien. Les femmes portent la tenue du Punjab : pantalons étroits, tunique au genou et fendue sur les côtés, longue écharpe portée de diverses façons.
        Les Sikhs sont souvent des routiers, des militaires, des cuisiniers (tout le monde peut manger ce qu’ils préparent car ils ne sont pas de basse caste mais de celle des chatrias).

        Amritsar est la ville des Sikhs. Le sikhisme est une religion issue des préceptes du gurû Nanak, XVe siècle (ici, le mot gurû n’a pas un sens perverti comme actuellement en Europe où guru égale charlatan !). Le Temple d’Or, Hamandir, est leur lieu de culte principal, le centre spirituel et religieux.
        La visite du Temple d’Or est une expérience sublime. Non seulement le lieu est particulièrement beau mais j’ai été enchantée par l’atmosphère qui y règne. Le temple est au milieu d’un lac (artificiel, créé pour lui). On y accède par une passerelle de marbre blanc, étroite. Elle symbolise le passage des âmes. L’intérieur et l’extérieur sont décorés à profusion mais cela ne donne pas une impression de « trop ». Au contraire. Les motifs ornementaux sont essentiellement des fleurs et des passages du texte sacré en pierres fines et précieuses. On se croirait dans un livre des merveilles. Au rez-de-chaussée, des hommes et femmes pratiquent le culte, des fleurs, des bougies, de l’anciens., des chants, de la musique. A l’étage, autre ambiance, des hommes assis en tailleur ont devant eux de grands et anciens livres posées sur des supports, ils lisent les textes sacrés. On a l’impression de sentir leur méditation et leur spiritualité.
        Même si le temple est un lieu de culte, tout le monde peut y accéder ; il suffisait de quitter ses chaussures et de mettre un foulard sur la tête (je ne dis pas de se voiler mais juste de couvrir ses cheveux, pour les hommes et pour les femmes).