Sidi Mouss Ben Marrakech el Janoubi

        Sidi Mouss ben Marrakech el Djanoubi…
        Oui, il faut bien un aussi grand nom pour une si petite boule de poils qui abritait un si joli chaton ! En effet, Djanoub est un chat… (si mes infos sont correctes, ce nom signifie : Monsieur Chat, fils de Marrakech du Sud !).

        Passant quelques jours au camping de Marrakech sur le chemin du retour lors du dernier voyage au Maroc de 1981, en voiture, avec deux amis, nous entendions pleurer un (ou plusieurs) chaton. Première pensée « la mère a dû partir chasser pour ses petits ». Mais les miaulements continuaient. « Curieux qu’ils continuent de pleurer comme ça ». Le lendemain, nous sommes allés voir. Il y avait un chaton, tout seul ! et tout seul, il faisait un sacré raffut avec sa petite voix ! Il est était sale et maigre. Nous l’avons pris avec nous. Avec des caresses (et aussi une serviette) il est redevenu propre. Il n’a plu pleuré. Il était un peu craintif mais a vite pris ses aises ! Pour qu’il fasse ses besoins, nous avions pris le couvercle d’une boite de Belle Vache (la Vache qui rit marocaine), un peu de terre et de sable ou de gravier fin selon ce que nous trouvions. Le tout posé sur le plancher de la voiture. Il l’a adopté tout de suite ce lieu d'aisance... Pour le nourrir, le classique petit biberon acheté rempli de bonbons… Mais très vite Djanoub a mangé de tout : fromage, viande, légumes…
        Il était multicolore ; je ne savais pas alors que les chats tricolore sont quasiment toujours des chattes. D’où la nécessité théorique de changer son nom : Sidi Mouss ben Marrakech el Djanoubi devenant Lala Moussa bent Marrakech al Djanouba… Mais, de toutes façons c’était et c’est resté Djanoub…
        Tout le parcours en voiture et les arrêts se sont bien passés. A l’extérieur, Djanoub était dans ma veste. Cela semblait lui convenir ; Il pouvait sortir la tête car la veste n’était pas boutonnée mais juste serrée à la taille par une ceinture. Il était ainsi à l’aise et pouvait regarder tout autour de lui, curieux comme tout bon chat qui se respecte.
        Sur le bateau, entre Tanger et Algeciras, il a un peu été l’attraction. Qui s’empressait de lui donner de l’eau ou quelque chose à manger, qui de le caresser, qui de s’enquérir de son histoire… C’est là qu’on m’a appris que la charmante tache grise parant son nez n’était pas une gentillesse de Dame Nature mais… un effet de la galle ! (petit à petit, elle a disparu toute seule).
        Arrivé en France dans les Alpes, petit séjour chez mes parents. Mais là, il y a la Puce, belle chatte noire. La Puce a quasiment ignoré le chaton (ce qui nous a étonnés) sauf que, quelques jours après notre arrivée, elle a commencé à tousser violemment. Nous avons dû la conduire chez le vétérinaire qui a été un peu surpris et nous a demandé s'il y avait du nouveau à la maison... Oui, Djanoub ; diagnostic : bronchite. Etonnant. Mais non a-t-il dit, c’est une bronchite psychosomatique, elle fait une forte crise de jalousie… Heureusement, peu après, nous sommes allés chez l’un de mes frères dans le midi et ma belle-soeur a adopté le chaton ! Dans cette maison, il y a un jardin et les occupants aiment les animaux. Djanoub a donc vécu là. Depuis la maison, il pouvait rejoindre les chats du cartier dans le talus près de la voie ferrée. Il allait faire la folie dehors et à la maison c’était un chat très gentil, calme. ADORABLE.
        Malheureusement, il n’y a vécu qu’un an et demi. Il a été emporté par le typhus. Il a pourtant été bien soigné par le vétérinaire mais les perfusions pour le réhydrater, les médicaments n’ont pas suffi. Cela est arrivé pendant un de mes séjours chez mon frère. C’est le premier être mort que j’aie vu. Je l’ai retrouvé allongé, comme endormi, près de la porte de la cuisine, un matin.
        Seule consolation, si sa vie a été courte elle a au moins été excellente.


Albert de Taghazout

        C’était un bon gardien qui avait décidé de nous protéger…
        Il ne s’appelait pas Albert, il n’avait sûrement pas de nom… C’était un chien errant qui avait élu domicile au « camping sauvage » de Taghazout (j’ai mis des guillemets car ce n’était pas un camping mais un terrain vague à proximité du village de Taghazout, au nord d’Agadir ; quelques personnes venaient s’installer là avec leur tente).
        Nous avons su que ce grand chien jaune gardait notre tente en notre absence car des personnes campant également là nous l’avait dit (il avait lui-même délimité le périmètre à ne pas franchir…).
         Puis, le soir, il s’est approché de nous. Nous lui avons donné à manger (nous lui avons acheté un sac de 5 kg de grosses pâtes que nous agrémentions d’une part de notre repas). Il n’est jamais devenu vraiment familier mais nous a accordé sa présence et sa protection à chaque fois que nous sommes venus là au courant de l’hiver.
         Pourquoi nous l’avons appelé Albert ? Je n’en sais rien…
        Pourquoi il a voulu être notre protecteur ? Je ne sais pas non plus mais il a été une présence agréable pour nous.


Ksabi

        Pendant notre séjour au village de Ksabi dans le sud du Maroc, des enfants venaient nous rendre visite. ils nous apprenaient quelques mots de marocain et nous bavardions en français.
        Un jour, ils sont arrivés en portant chacun un… chiot ! Il y en avait 4 ! Ils nous en offraient un. C’étaient des chiots beiges et grassouillets, adorables… comme tous les chiots !
        Nous étions venus à moto et ça ne paraissait pas évident de faire le retour avec un chien (même chiot !). Finalement, nous nous sommes laissés attendrir, convaincus par les sourires des enfants, la bonne bouille des chiens. L’un d’entr'eux surtout qui sentait tout de suite où on avait posé de la nourriture et qui cherchait l’ombre et la fraîcheur (nous craignions qu’un chien du sud marocain souffre du froid en France).

        Et voilà. Ksabi était avec nous. Pas très original mais nous lui avions donné pour nom celui de son village. Petits noms : la Ksabe, la Glue, Ksaksa…
        Pendant les quelques jours qui nous restaient à Ksabi, tout s’est bien passé. Mais il fallait penser à la route. Nous avions un panier en osier souple et un chech que m’avait donné un de mes frères ; un pull et une écharpe au fond du panier pour le confort, passer le chech dans les anses du panier posé sur mon côté, l’attacher, le passer en bandoulière sur mes épaules et voilà, on peut rouler !
        Au début, Ksabi restait blotti au fond du panier mais, petit à petit, s’est enhardi et a commencé de grimper sur ma cuisse, s’y installer. Puis il a grimpé sur le dos de mon ami et a continué une bonne partie du voyage calé entre lui et moi, les deux pattes avant posées sur les épaules du conducteur, la truffe au vent… C’était très drôle, cette petite tête aux oreille retombantes (comme celles d’un labrador), sa truffe noire. Ksabi adorait se tenir ainsi !
        Voyager avec un chiot est un peu particulier ! Quand nous nous arrêtions pour qu’il boive ou mange, si des gens étaient là, ils étaient surpris de le voir sortir de ce panier ou la tête par-dessus l’épaule du conducteur ! Et en Espagne, ça a encore été plus fort qu’au Maroc ! Nous avions fait halte dans je ne sais plus quelle ville… juste à l’heure de la sortie d’une école ! « il perito ! il perito ! » Chacun voulait le caresser, le voir… C’était en fait super sympa !
        De retour en France, petit passage chez le vétérinaire. Ce n’était pas un chien, c’était une chienne. Sa race ? Un mixt de sloughi et de molosse jaune qu’on trouvait couramment dans les fermes isolées du sud marocain. Les sloughis sont des lévriers du désert, chiens intelligents, affectueux mais très exclusifs dans leur affection : leur maître et ses proches (très proches). Les gros chiens jaunes des fermes sont de vrais gardiens.
        De très jolis souvenirs de Ksabi avec chien ou chienne de voisins ou amis :

Ksabi et Mopi à Anglet
Ksabi et Mopi à Anglet

        A Bayonne des amis avaient un chien appelé Mopi. Souvent les deux dormaient devant la cheminée et dans ces moments-là Mopi tenait Ksabi dans ses pattes avant… Attitude étonnante. Il semblait souvent jaloux des autres chiens qui pouvaient venir tel ce jour où il ne la regardait même pas mais sitôt l’arrivé d’un 3ième chien, il ne l’a plus quittée et empêchait même l’intrus de l’approcher… Les grandes courses Ksabi et Mopi sur les plages d’Anglet.
        Une autre anecdote qui se passait à Marseille : nous étions dans la rue, Ksabi à mes côtés, en laisse juste tenue quand soudain elle est partie en flèche vers une femme (j’ai cru qu’elle allait la gnaquer (mordre, ce n’est pas joli !)) mais… elle lui a fait des fêtes… Cette dame ressemblait à l’une de mes belles-sœurs ! Etait-ce la raison, je ne sais pas. Ksabi avait vraiment ses têtes : elle aimait ou elle n’aimait pas (mais je ne crois pas qu’elle se trompait !).
        Une des mes tantes avait passé quelques jours chez mes parents : Ksabi l’a tolérée mais… elle ne devait trop bouger si non, Ksabi grognait !
        En revanche, aucun problème avec les chats. Il y en avait un chez mes parents : Ratatouil et chez les parents de mon ami : Beltza. Avec Ratatouil qui vivait donc à la campagne et était indépendant, c’était plutôt chacun sa vie mais avec Beltza, en appartement à Anglet, il y a eu beaucoup de jeux ! et ça fonctionnait très bien ! Curieuse chienne !

Ksabi et Rita dans les Alpes
Ksabi et Rita dans les Alpes

        Il y a eu aussi les courses folles avec Rita, la chienne de la voisine de mes parents dans les Hautes-Alpes. Elles s’en donnaient vraiment à cœur-joie dans la campagne !            Mais cette histoire s’est avérée douloureuse car mon ami et moi travaillions alors en saisons dans l’hôtellerie et avons dû confier Ksabi à des amis qui vivaient en communauté dans une ferme de la région d’Uzès. Ils étaient végétariens… ça va pour les humains mais appliquer cela à un chien (et même au chat), c’était idiot. Le chat chassait souris et oiseaux et n’était donc pas gêné par quelques céréales à l’huile d’olive ! Mais la chienne ? Il y avait les poules de la ferme voisine… et ça ne plait pas au fermier ! Normal ! Elle s’est retrouvée attachée. Nous l’avons récupérée dès notre retour. Par la suite, nous l’avons confiée à mes parents qui n’avaient qu’un petit jardin… et ne pouvaient pas l’emmener courir. Cela devenait très difficile d’autant plus qu’elle ne tolérait personne de nouveau à la maison. Finalement nous l’avons confiée (mais je pense abandonnée) à la SPA de Bayonne (où vivait la famille de mon ami mais eux en appartement…). Nous savions qu’à cette S.P.A., les animaux étaient très bien traités et que tout était fait pour leur trouver une famille d’accueil qui leur convienne. Pas d’euthanasie. Et croyez-moi, je porte toujours le poids de ce geste !
        N’adoptez jamais un animal qu’on vous présente, parce qu’il est mignon, parce que vous croyez pouvoir lui donner une belle vie et beaucoup d’affection. Les bonnes intentions ne suffisent pas : il faut d’abord du bon sens ! Il faut y penser avant d’adopter. Il faut être sûr que notre habitation, notre mode de vie seront en adéquation avec une bonne vie pour un animal.
        Ksabi est née en 1972. Maintenant, elle doit être au paradis des chiens.